Le 6 novembre, à l’appel du collectif Bassines Non Merci, 3000 personnes se sont mobilisées à Mauzé-sur-le-Mignon, dans les Deux-Sèvres. Dans l’Actu des Luttes cette semaine on vous embarque suivre cette lutte contre la construction de “méga-bassines”, immenses réserves d’eaux crées artificiellement pour les besoins de l’agriculture. Les opposant·es défendent une agriculture paysanne et un modèle de société prenant en compte le réchauffement climatique.
“Nous allons commettre de beaux actes symboliques qui vont montrer à quel point on n’en veut pas de leurs bassines!”. Sur le champ de foire, à Mauzé-sur-le-Mignon, Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines Non Merci s’adresse aux 3000 personnes rassemblées pour la mobilisation. Une remorque transformée en bateau pirate pour l’occasion lui sert de tribune. Au dessus de lui, une voile flotte barrée du slogan fétiche du collectif “No bassaran”. Les bassines ne passeront pas.
Bassines illégales pour les opposant·es, réserves d’eau nécessaires pour les soutiens au projet
Les bassines sont au cœur de nombreux enjeux environnementaux et climatiques particulièrement d’actualité en pleine Cop 26 à Glasgow. Opposant·es anti-bassines comme pro-réserves s’accordent sur le fait que le dérèglement climatique met à mal l’agriculture. Les sécheresses sont de plus en plus nombreuses. Idem pour les inondations à répétition qui en découlent.
Face à cette situation, le ministère de l’Agriculture défend – avec la Fédération Nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) – un projet de construction de plus de 90 réserves de substitution à l’échelle nationale. Pour eux, la solution réside dans le pompage dans les nappes phréatiques des ressources en eau excédentaires entre décembre et mars. Elle sont ensuite stockées à l’air libre dans des bassins plastifiés jusqu’à l’été, période à laquelle elles permettraient d’irriguer les exploitations agricoles.
Pour les opposant·es, c’est une fausse solution. L’eau des nappes phréatiques est trop précieuse pour être exposée aux épandages de pesticides et à l’évaporation. Elle devrait être réservée à la consommation d’eau potable. Autre argument, les bassines sont destinées à un nombre réduit d’agriculteur·ices, pour des cultures très consommatrices en eau, comme le maïs. La solution : changer de modèle agricole et promouvoir la paysannerie à l’échelle locale.
Militant·es et paysan·nes uni·es pour un autre modèle de société
Depuis 4 ans, le collectif mobilise un public assez varié. Selon Julien Le Guet, “des habitant·es du marais poitevin comme des Associations pour la Protection de l’Environnement. Elles notent que l’état de la biodiversité se dégrade d’année en année.” On trouve aussi des associations de consommateur·ices qui luttent pour sortir de l’agriculture industrielle ainsi que des pêcheurs qui constatent la baisse du niveau des cours d’eau.
Soutien de poids, les Soulèvements de la Terre ont rejoint le collectif Bassines Non Merci ! depuis peu. Pour les militant·es de ce mouvement national, cette action s’inscrit dans la lignée de leur appel à se soulever pour “enrayer le réchauffement climatique et la 6e extinction massive des espèces en cours”. Ils organisent, partout en France, des actions de désobéissance civile et de sabotage contre l’artificialisation et la pollution des sols. Le 6 novembre, la Confédération Paysanne avait aussi appelé à manifester au niveau national. Cette mobilisation fait suite à l’occupation d’une bassine en construction le 22 septembre dernier.
Après plusieurs heures de manifestation et quelques détours dans les champs pour éviter les gendarmes (NDLR : la manifestation avait été interdite), une bassine illégale a été occupée et démantelée par les opposant·es. Juché sur la remorque “bateau-pirate” qui a accompagné toute le défilé, un militant harangue la foule. “On est l’eau, personne peut nous arrêter! S’ils veulent continuer ce projet, on sera là à chaque fois! No Bassaran!”. Après ce sabotage collectif, acte fort passible de poursuites judiciaires, les opposant·es donnent d’ores et déjà rendez-vous pour de prochaines mobilisations.
Un reportage de Lou Bonnefoy pour l’Actu des Luttes. Photographie de une : Lou Bonnefoy pour Radio Parleur. Identité sonore Actu des Luttes : Etienne Gratianette (musique/création) et Elin Casse, Antoine Atthalin, Romane Salahun (voix)