Le podcast de cinéma féministe et inclusif, Sorociné, devient une revue ! Après un financement participatif réussi et plus de 40 épisodes audio, la rédaction a élaboré un premier exemplaire papier. Intitulé Premières, il propose une alternative à une presse spécialisée majoritairement masculine et gangrénée par le « mâle gaze », le regard masculin. L’occasion aussi de revenir sur les oublié.es du monde du cinéma.
180 pages d’entretiens, de portraits et d’analyses, le tout magnifiquement bien illustré par Women&Flowers. C’est ce que propose le premier numéro de la revue Sorociné. Après 3 ans de podcast, la rédaction propose maintenant son regard féministe sur du papier. « Au début, j’ai voulu créer ce podcast parce que j’aimais beaucoup le cinéma, mais je trouvais que ceux qui en parlaient étaient toujours les mêmes. Il y avait peu de femmes et pas vraiment de place pour elles. Je voulais proposer un nouveau regard. Pour la revue, c’est la même chose», rappelle Pauline Mallet, la fondatrice de Sorociné. Et pour cause, moins de 37% des critiques du 7e art sont écrites par des femmes.
Découvrir le travail des femmes devant et derrière les cameras
Autre constat : les médias, spécialisés ou non, parlent peu des femmes réalisatrices et des techniciennes. Devant ou derrière la caméra, leur parole est encore trop absente. Et au-delà des femmes, la création technique est rarement mise avant. Le premier exemplaire de la revue, intitulé Premières, remédie à cela. Il réhabilite des figures majeures du cinéma, souvent oubliées au profit d’hommes, comme Alice Guy, partiellement éclipsée par Méliès.
« Nous avons intitulé ce premier exemplaire Premières, car nous voulions commencer par les débuts. Qui sont ces femmes invisibilisées depuis des siècles ? », interroge la fondatrice de Sorociné.
Dans l’édito d’ouverture, le cap est rapidement donné : « Le cinéma sans aborder les femmes a toujours été un mépris, une faute ou au mieux un oubli inconscient qu’il est grand temps de nommer pour ne pas le recréer. » Et après près de huit mois de travail, le résultat est là : rencontre avec la monteuse Mathilde Van de Moortel, retour sur le tournage « sourd friendly » de la série SKAM, réflexion autour du cinéma collectif,… de quoi profiter de vos vacances pour en apprendre toujours plus sur le cinéma.
Même si la revue ne parle que de femmes, le but n’est absolument pas de censurer les œuvres masculines, mais bien de rééquilibrer la balance. Proposer d’autres regards et d’autres angles, utiles au débat et indispensables à la bonne santé d’un cinéma contemporain.
Ce premier numéro est en train d’être livré aux participant.es du financement participatif, mais il est également disponible sur la boutique en ligne de Sorociné et dans certaines librairies. Le but est de toucher ainsi un lectorat large, qui n’est pas forcément sensibilisé aux enjeux féministes.
Bientôt, une revue trimestrielle ?
Au rythme auquel les exemplaires s’écoulent, la rédaction devrait peut-être envisager une réimpression. À moins qu’elle ne se penche tout de suite sur un prochain exemplaire : « On y a déjà réfléchi et on aimerait le sortir pour la fin d’année. Ce serait génial de pourvoir en faire une revue trimestrielle ! », se réjouit Pauline Mallet.
Un article réalisé par Alizée Chebboub, photographie de une : Sorociné