Dans les métiers touchés par l’uberisation, bien souvent le patron, c’est lui. Lui, c’est l’algorithme, un code informatique secret qui régit le quotidien des livreurs et autres chauffeurs VTC. Pour s’en libérer, le développeur Alexandre Segura a fondé CoopCycle, une alternative mise exclusivement à disposition de coopératives.
Grâce à CoopCycle, devenue une fédération de coopératives locales de livreurs salariés, les travailleurs de la pédale, ainsi libéré‧es du statut d’auto-entrepreneur, s’organisent contre l’uberisation. Réuni‧es en coopératives, ils et elles s’octroient de meilleures conditions de travail, une couverture médicale, des assurances. De quoi de lutter efficacement contre la précarité de leur profession. En effet, ces travailleur‧ses sont les premières victimes d’un marché du travail ultraflexible. Les témoignages sur les dérives du système pullulent et Radio Parleur vous raconte régulièrement les luttes menées par les victimes de l’uberisation.
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L’objectif de CoopCycle, c’est aussi de relocaliser l’activité. En effet, « pourquoi aurait-on besoin de plateformes étrangères pour mettre en relation des restaurateurs, des livreurs et des client‧es qui vivent dans la même ville », s’interroge Alexandre Segura.
“En bande organisée, personne peut nous canaliser : ça résume bien le combat que mènent les coopératives”
Autre enjeu : comprendre l’algorithme, le code informatique au cœur du fonctionnement de toutes les plateformes. L’algorithme, « c’est le code qui distribue les courses, donc qui répartit le travail, en fonction de nombreux critères. » Ces critères, il est impossible de les connaître. Ils représentent un secret jalousement gardés par des entreprises comme Uber ou Deliveroo. « Nous, chez Coopcycle, on n’a pas d’algorithme pour répartir le travail. Tout est fait à la main par des vrais gens ». Comme Coopcycle travaille seulement avec des coopératives et des livreurs salarié‧es, « on n’est pas non plus dans le paiement à la tâche. Il n’y a pas la même tension autour de la répartition du travail ». Au final, pour Alexandre Segura, l’objectif de Coopcycle c’est que « la machine soit au service de l’humain ». Un idéal à l’exact opposé du futur proposé par les plateformes.
Un entretien réalisé par Nabil Izdar, article de Martin Bodrero. Photo de Une : Laury-Anne Cholez pour Radio Parleur.