Aux Champs-Élysées, il y a tout ce vous voulez : magie, faste et gendarmerie. Ludivine Bantigny, historienne et spécialiste des mouvements sociaux leur consacre un livre intitulé « La plus belle avenue du monde », une histoire sociale et politique des Champs-Élysées, publié le 20 mars dernier. L’autrice y propose une contre-histoire de l’avenue.
Le 12 septembre dernier, les Champs-Élysées sont une nouvelle fois investis par les Gilets Jaunes. Lieu emblématique du mouvement, c’est là que chaque semaine des français·es de tout le pays se rassemblent pour manifester au plus près du pouvoir. Ce dernier se crispe, et déchaîne la répression policière.
« La peur. Pas celle de perdre un scrutin, d’échouer à «réformer» ou de voir fondre ses actifs en Bourse. Plutôt celle de l’insurrection, de la révolte, de la destitution. Depuis un demi-siècle, les élites françaises n’avaient plus éprouvé pareil sentiment. Samedi 1er décembre 2018, il a soudain glacé certaines consciences. »
Serge Halimi & Pierre Rimbert, Le Monde Diplomatique, février 2019
Une occasion pour nous, de revenir – grâce au livre de Ludivine Bantigny – sur l’histoire sociale et politique de ce lieu cristallisant les passions depuis son édification.
Un lieu de contradictions et de luttes
Les Champs sont dès leur construction, ordonnée par un décret de Louis XIV en 1667, un lieu fondamentalement politique. Ils avaient alors pour but de relier le palais des Tuileries au château de Versailles – alors en construction. Dans son livre, Ludivine Bantigny offre une vision plus large des évènements qui ont fait les Champs. En effet, de la Révolution française jusqu’au mouvement des Gilets jaunes, l’avenue n’a cessé d’être un centre de gravité politique. Que l’on se place du coté du pouvoir ou de sa contestation.
Sur le même thème : Écoutez notre reportage, sur les Champs-Élysées, lors de la manifestation des Gilets Jaunes du 16 mars 2019
Les Champs sont pour l’autrice une « métaphore des inégalités sociales et du capital ». Deux kilomètres où se côtoient richesse et pauvreté, capital et travail, faste et indécence. Le contraste social qui y réside en fait un terrain de lutte atypique. L’historienne abonde : « L’espace se prête à des mobilisations, il est un tel symbole de ce qu’est la société capitaliste dans toutes ses contradictions. » Espace se faisant ainsi lieu de grandes manifestations et de luttes sociales. L’autrice revient sur celles et ceux qui y ont manifesté, celles et ceux qui y ont lutté, façonnant ainsi l’Histoire de France. Une histoire des luttes, allant des ouvriers construisant l’Arc de Triomphe aux salarié·es de Nike ou de la Fnac.
« La plus belle avenue du monde » Une histoire sociale et politique des Champs-Élysées, Ludivine Bantigny, disponible aux éditions La Découverte.
Un entretien réalisé par Pierre-Louis Colin. Photographie de Une : Sylvain Lefeuvre pour Radio Parleur.
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