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Dépasser la nature pour habiter le vivant ? – Penser les luttes

Le 12 juin dernier est paru aux éditions Divergences un ouvrage collectif intitulé Écologie Sans Transition. Il est signé Désobéissance Écolo Paris, nom d’un jeune collectif de militant·es de différents horizons. Dans ce nouvel épisode de votre podcast hebdomadaire, on échange avec deux des co-auteurices et on interroge leur vision d’une écologie radicale.

Première diffusion le 16 juillet 2020

Nos invité·es :


Désobéissance Écolo Paris n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ce premier ouvrage, sorti un peu plus d’un an après la création du groupe, annonce son objectif dès le titre. Une “écologie sans transition”. Écrit à plusieurs mains, et refusant d’être un texte lisse, il porte une voix discordante dans le consensus médiatique saluant la récente victoire des écologistes aux élections municipales.

Avant tout, ce livre est une critique point par point de différents travers qui ont figé la pensée écologiste ces dernières années. Condamnée à faire des choix individuels ou à être complice du système en place, la lutte politique se serait embourbée. Ce texte est aussi, et en même temps, un espace pour penser à l’action et définir des axes de lutte à investir.

En finir avec la gestion de la nature

La critique qu’Écologie Sans Transition adresse à différents courants du mouvement écologiste est posée dès la première page. Ils se contenteraient de gérer la nature – ce royaume à l’opposé de l’humanité et de ses institutions. Dans cette conception, la nature est alors condamnée, dans le meilleur des cas, à être prise en charge de la manière la moins mauvaise possible. Pour faire face aux ravages, il faut une autre approche : apprendre à « habiter les milieux vivants ». Et arrêter de voir la vie humaine comme appartenant à un ordre séparé de ces milieux.

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Couverture de “Écologie sans Transition” par le collectif Désobéissance Écolo Paris. Crédit : Éditions Divergence

Désobéissance Écolo Paris milite pour une écologie résolument anticapitaliste, décoloniale et féministe. L’idée que le système capitaliste est responsable de la destruction de la planète et de l’exploitation d’une majorité de ses habitant·es semble prendre force au sein du mouvement depuis quelques années. Mais, explique le collectif, le discours écologiste doit aussi cesser de servir de justification à la violence étatique et de condamner moralement les pauvres et les populations racisées. Et encore moins d’excuse pour les exproprier de leurs terres et piller leurs ressources au nom de la protection de l’environnement.


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Pas de transition, mais de l’action

En revanche, il n’est pas question de proposer une solution toute faite à la crise écologique actuelle. Pour les militant·es qui signent ce livre, ceci ne ferait que reproduire la démarche qu’ils critiquent dans la première partie. Pour agir, donc, le premier pas est de se débarrasser de l’idée qu’il existe une réponse idéale. Il serait par conséquent vital de construire des réseaux militants plus résilients afin d’assurer l’autonomie des expérimentations locales et leur solidarité. Ce constat amène le collectif à développer une critique écoféministe, les femmes ayant systématiquement la charge cette résilience.


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Construire collectivement l’autonomie, mais toujours garder un œil ouvert aux occasions de coopérer avec d’autres mouvements, collectifs ou luttes. Tenir tête aux initiatives étatiques ou privées pour essayer de faire perdurer le système, oui. Mais aussi développer à côté des savoirs, détourner les infrastructures. Et écouter surtout celles et ceux qui travaillent au cœur de l’appareil productif. Pour Désobéissance Écolo Paris, les chantiers sont nombreux et ils exigent de chacun·e tout notre enthousiasme et créativité. Rien d’autre ne portera des fruits que la lutte.

*les prénoms ont été modifiés

Un entretien préparé par Diego Acuña Marchant et Antoine Laurent-Atthalin. Animation: Diego Acuña Marchant. Montage et mixage: Antoine Laurent-Atthalin. 

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