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Cette semaine dans l’Hebdo Parleur : “C’est une bonne situation ça, média dominant ?”

La France et la grève c’est une longue histoire d’amour. Partout dans le monde, la France est vue comme un pays de râleurs et de râleuses, de bougon·nes. Au lieu de percevoir cette animosité comme le signe d’une divergence d’opinion, il s’agit de la décrédibiliser, de la dépolitiser. Mais à l’intérieur même du pays, qu’en est-il? Comment les médias français parlent-ils de leurs concitoyen·nes mobilisé·es ?

Alors que nous entrons dans la huitième semaine de grève contre la réforme des retraites, discutons cette semaine de nos confrères et consœurs des médias. Comment parler de cette grève qui n’en finit plus de finir ? Rien de très révolutionnaire dans le processus, il ne s’agit pas non plus de réinventer l’eau chaude, inviter des ministres, des “experts”, des tables rondes…

Dimanche 19 janvier, Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education Nationale) nous expliquait sur France Inter que 99.9% des profs étaient d’accord avec lui. La fin de partie de cette grève semble être une information diffusée largement, et cela depuis le début du mouvement.

“Fini, ça va finir, ça va peut-être finir.”

Pour contrer cette idée, les opposant·es à la réforme se lancent dans de nouvelles formes de lutte : des “happenings”, des actions symboliques. On en parlait déjà la semaine passée, et ce phénomène prend de l’ampleur. Les avocat·es chantent, sautent en parachute, jouent la comédie. La manifestation traditionnelle joue les nocturnes pour se transformer en retraite aux flambeaux. On décentre l’attention pour contrer, peut-être, la lassitude de médias dominants.

A écouter les acteurs et actrices de ces rassemblements, ce désir de lutter autrement trouve de l’écho. Des actions différentes de celles entreprises jusque là, pour que de l’autre côté, chez les éditorialistes, on en parle différemment. Ça fonctionne, pour le moment. Que ce soit la presse locale, ou les journaux nationaux, les militant·es attirent l’attention. Interpellent l’opinion publique.

Le mouvement contre les retraites produit de nouvelles images, pour contrer celles et ceux qui voudraient que la crise sociale se résolve vite. Peut-on appeler ça une giletjaunisation de la grève? Tout cela est bien compliqué à deviner, et à anticiper, et il est compréhensible de questionner la fin de ce mouvement qui contrairement aux luttes syndicales passées, continue de se manifester face au silence du gouvernement. Si les médias continuent de parler avec indigence de cette grève qui perdure, on risque de voir venir des envies bien différentes de simple sauts en parachute.

Une dictature ? Chapeaux gris et fermeture éclaire ?

La question de la dictature a été abordée cette semaine, et avec elle des citations et des foules d’idées de blagues avec OSS 117, inspirant ce titre : “Une dictature c’est quand les gens sont communistes, déjà. Qu’ils ont froid, avec des chapeaux gris et des chaussures à fermeture éclair. C’est ça, une dictature, Dolorès.”

Alors que nous fêtions mardi dernier les 227 ans de l’anniversaire de la mort de Louis XVI, on a vu resurgir en manifestation des banderoles demandant la création du caisse de grève pour financer une guillotine. Il s’agit bien ici d’humour noir, mais les critiques sur notre démocratie sont très en vogue en cette période de grève. Les comparaisons vont bon train, entre Louis XVI et les modèles dictatoriaux, ce qui fait réapparaître le vieux débat sur la liberté d’expression. Bien sûr, notre démocratie nous le garantit : on peut tout dire … mais les mouvements sociaux sont-ils bien relayés, bien exposés, correctement expliqués ? Ou faut-il se mettre à faire le clown pour être pris au sérieux ?

Photo de Une : Martin Bodrero pour Radio Parleur.

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