Mardi 24 septembre, plusieurs manifestations étaient organisées partout en France contre le projet de réformes des retraites. Cheminot・e・s, aides soignant・e・s, facteurs・trices aux côtés de quelques étudiant・e・s ont répondu à l’appel. Reportage à Grenoble, en Isère, au coeur du cortège de l’intersyndicale.
Retraité・e・s et salarié・e・s de la fonction publique et du privé côte à côte. Après la manifestation de Force Ouvrière samedi dernier, le mouvement de contestation contre le projet de réforme des retraites s’est poursuivi mardi 24 septembre. Un appel à la grève et à des manifestations a été lancé au niveau national par la CGT, la FSU, la CNT Solidaires, l’UNL, et l’UEG. À Grenoble, les manifestant.e.s étaient présent.e.s dès 11 h 30, dans le centre-ville, place Félix Poulat Pour cette intersyndicale iséroise le message est clair : “la réforme qui est en route a pour objectif d’engendrer de nouvelles économies budgétaires sur le dos du monde du travail “.
Des manifestant・e・s de tout horizons
Pierre-Yves est cheminot depuis 2001. “Quand j’ai signé mon contrat de travail, on m’avait dit que j’allais moins gagner, que j’allais travailler les week-ends, les nuits, les jours fériés mais que j’aurais l’avantage de partir en retraite plus tôt”. Avec ce projet, Pierre-Yves a l’impression de se faire avoir et de perdre son seul avantage. Un sentiment partagé par les différentes professions et générations qui se confondent dans le cortège. Des étudiant・e・s sont aussi venus renforcer les rangs des manifestant・e・s. Quelques Gilets Jaunes sont aussi de la partie.
Amandine est ATSEM, agent・e territoriale en milieu scolaire. Elle estime que son métier est trop fatiguant pour travailler au-delà de la limite d’âge actuelle. “On va pas tenir avec des enfants aussi tard, avec du ménage, la classe, la cantine…” Franck, aide soignant, est lui aussi venu pour “défendre ce pourquoi mes parents et mes grands-parents se sont battus”. Repousser l’âge de départ en retraite après 62 ans fait bondir les actifs comme les retraités.
François est co-secrétaire du syndicat SUD-Solidaires Isère et il l’assure : il est temps de s’inquiéter. “Avec les Gilets Jaunes, on a vu qu’il y avait beaucoup de retraités pauvres, avec une pension de misère”. Pour ce syndicaliste, il ne faut pas simplement combattre le projet de réforme par points mais aussi “gagner une revalorisation générale des pensions de retraites”.
La consultation voulue par Macron ne convainc pas
Emmanuel Macron a récemment expliqué qu’il faudrait faire des choix, et qu’il y aura des discussions avec les professions qui bénéficient des régimes spéciaux. Le gouvernement prévoit de faire voter le projet de loi d’ici juillet 2020, après une nouvelle concertation citoyenne. L’initiative est calquée sur le modèle du fameux Grand Débat, imposé au mouvement Gilets Jaunes . “Macron aime bien se mettre en scène, avec ses débats, son tour de la France“, soupire François. “Mais on sait bien que le début et la fin sont déjà écrits”.
Pour Auriane, doctorante en droit, “la consultation a déjà commencé, mais les partenaires sociaux ont été peu écoutés. Tout comme les syndicats”. Pour l’étudiante, ce n’est pas anodin si la réforme est décalée après les élections municipales de mars 2020. “Le calendrier de Macron n’était pas sûr. Quand il a vu le degré de la mobilisation sociale, il a repoussé après les municipales, donc on voit que ça commence à avoir un impact “.
Un appel à la grève maintenu
Christian, militant Lutte Ouvrière, abonde en ce sens. “Si Macron attend les municipales, c’est qu’il reste prudent. Il a encore le souvenir des Gilets Jaunes. Et après les ronds-points, la colère doit d’exprimer dans les entreprises “. Il estime qu’il devient urgent d’organiser des grèves massives et déplore l’arrogance d’Emmanuel Macron vis-à-vis du monde du travail. “C’est comme Sarkozy qui disait que quand il y a des grèves on s’en aperçoit pas, ça pourrait se retourner contre lui, parce que tout le monde est concerné”.
Même chanson du côté de la CGT. Si le gouvernement ne modifie pas son projet de réforme, “on va s’opposer par la grève”, explique Nicolas, secrétaire général de la CGT Isère. “Il faut peser sur les entreprises et l’économie pour gagner nos revendications”.
A Grenoble, ils étaient environ 800 à donner de la voix. Certains manifestants étaient déçus de ne pas être plus nombreux, mais tous restent déterminés. “S’il faut la révolution, on fera la révolution !”, lâche Françoise, Gilet Jaune sur le dos, en riant.