Le défilé parisien du 1er Mai 2019 a explosé avant même de s’élancer. Entre les charges policières, les déluges de grenades lacrymogènes et les tensions avec les manifestants, le défilé a mis plusieurs heures à rallier la Place d’Italie. Une fin de parcours, pourtant déclarée, qui s’est transformée en une nasse géante.
L’édition 2019 de la journée internationale des travailleuses et travailleurs, premier 1er Mai depuis que le mouvement des Gilets Jaunes a commencé, a forcément eu une saveur particulière pour les manifestants. D’autant plus que les porteurs du gilet fluorescent étaient massivement présents dans le défilé parisien. Le souvenir de l’an passé, où un cortège de tête impressionnant dépassait le défilé syndical et où un certain Alexandre Benalla se faisait à jamais remarquer, ont achevé de planter le décor.
Si des dissensions se sont faites entendre entre cortège syndical, participants au black bloc et Gilets Jaunes quant à la meilleur stratégie de lutte, ces manifestants d’horizons différents ont trouvé leurs retrouvailles réjouissantes. Selon le cabinet Occurrence mandaté par plusieurs médias, ils et elles étaient 40 000 à battre le pavé dans la capitale, tandis que la CGT avance de son coté le chiffre de 80 000 personnes.
“des gaz lacrymogènes et une volonté délibérée d’affrontements” Philippe Martinez
La manifestation, dont le parcours devait relier Montparnasse à la Place d’Italie, a débordé avant même de s’être élancée. Les manifestants ont rapidement été ensevelis sous les gaz le long du boulevard Montparnasse, au milieu des camions syndicaux alors que des affrontements avec les forces de police éclataient déjà à plusieurs intersections. Philippe Martinez, Secrétaire général de la CGT et Eric Beynel, Porte-parole de l’Union syndicale Solidaires se sont notamment plaints du dispositif policier.
Ce n’est qu’aux environs de 14h30, l’heure de départ originellement prévue, que la tension est retombée et que le cortège a pu avancer. Son parcours, pourtant court, a été marqué par les gaz et les violences, principalement au niveau des boulevards de l’Hôpital et Saint-Marcel et l’accès à la Place d’Italie fut un véritable parcours du combattant pour les manifestants.
Le dispositif policier était impressionnant avec 7 400 policiers mobilisés sur le parcours parisien d’après le ministère de l’intérieur, des drones ainsi que 190 policiers en binôme à moto dans une configuration rappelant les pelotons de voltigeurs. Il y a également eu de 9 000 contrôles préventifs et 165 interpellations. On pourra d’ailleurs s’étonner de voir la préfecture de police exposer parmi les “armes par destinations” qu’elle dit avoir interceptées, du matériel de journalistes.
#manifestation Les contrôles préventifs mis en œuvre depuis hier soir ont permis d’écarter des armes par destination. pic.twitter.com/SJePbdoDOF
— Préfecture de police (@prefpolice) 1 mai 2019
Une fois la place d’Italie évacuée, des irréductibles se sont rendus place de la Contrescarpe, pour célébrer à leur manière l’anniversaire de l’affaire Benalla.
Une polémique hospitalière qui fait flop
C’est l’une des images fortes des défilés parisiens du 1er-Mai. Plusieurs individus ont tenté d’entrer dans l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière en marge du défilé, à Paris. Vers 18h30, Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP, dénonce dans un tweet “une tentative d’intrusion violente dans le service de réanimation chirurgicale” de la part d’une “une bande de manifestants/casseurs”. Une tentative d’intrusion aussitôt dénoncée par le ministre de l’Intérieur : “Des gens ont attaqué un hôpital, des infirmières ont dû préserver le service de réanimation, nos forces de l’ordre sont immédiatement intervenues pour sauver le service de réanimation”, a réagi Christophe Castaner mercredi soir depuis l’hôpital, où il s’était rendu.
Une version rapidement battue en brèche ce jeudi 2 mai, grâce aux témoignages des personnels soignants présents sur les lieux lors de la tentative d’intrusion. Ainsi que par les nombreuses vidéos des manifestants, qui ont également commencé à circuler sur les réseaux sociaux. L’ensemble de ces éléments tend à réfuter l’idée selon laquelle La Pitié-Salpêtrière aurait été délibérément prise pour cible.
Un reportage réalisé par Etienne Gratianette