Vendredi 15 mars, la jeunesse de plus 2 000 villes dans 120 pays a répondu massivement à l’appel lancé par l’adolescente suédoise Greta Thunberg. Une grève mondiale pour dénoncer l’inaction des Etats en matière climatique et environnemental. A Paris, la mobilisation a réuni entre 30 000 et 40 000 personnes. Un record pour le mouvement.
Ils et elles sont collégien.ne.s, lycéen.ne.s et étudiant.e.s. En ce vendredi après-midi à Paris, sous les nuages bas, tou.te.s s’élancent joyeusement de la place du Panthéon direction les Invalides. Un chiffre historique depuis le début du mouvement FridaysForFuture. Depuis cinq semaines, des élèves et étudiant.e.s organisent des grèves scolaires chaque vendredi depuis le 15 février.
Dans l’ombre du Panthéon, le jugement est sans appel pour les gouvernements. Il faut agir car la jeunesse « sèche comme la planète ». Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a invité le matin même les enseignant.e.s à organiser des débats sur le climat dans leurs classes à partir de 16h, ce qui n’a pas empêché collégien.ne.s et lycéen.ne.s de sortir de leur établissement.
La Terre, « vous la préférez bleue ou saignante ? »
Muni de pancartes inventives et drôles, le cortège parisien de la grève mondiale pour le climat et l’environnement a marché toute l’après-midi dans le quartier latin. Pour Océane, lycéenne, « c’est nous les principaux acteurs dans les années qui suivront ». Une mobilisation massive d’une génération née dans la crise. « On entend parler des problèmes climatiques et d’écologie depuis qu’on est tout petits pourtant je n’ai pas eu l’impression que de grandes choses ont été faites ou menées par le gouvernement pour changer la donne » explique-t-elle. Sur sa pancarte on peut lire « vous la préférez bleue ou saignante ? », avec un dessin de la Terre colorée de rouge fluo.
De nombreux lycéen.ne.s se sont rendu.e.s sur le boulevard Saint-Germain, accompagné.e.s de plus jeunes collégien.ne.s souvent entouré.e.s de leurs parents. On croise aussi des familles avec des enfants en bas âge pas toujours rassurés dans cette foule. Loin des drapeaux d’organisations syndicales ou politiques, tou.te.s affirment leur volonté de voir changer les choses. Les pancartes « Arrête de niquer ta mer », ou encore « Pour que Wall-e reste un film », en référence au film d’animation où un petit robot malicieux vient nettoyer une planète souillée par les humains, fleurissent au-dessus de l’épais cortège.
Le sérieux a changé de camp
Eliot, déterminé du haut de ses 12 ans, a embarqué toute sa famille. Pour son père, les adultes « ne font pas grand-chose », alors cette montée de la jeunesse dans la lutte contre le réchauffement climatique pourrait faire « bouger les parents ». Derrière un rassemblement joyeux, clamant haut et fort que la jeunesse joue déjà un rôle clé, l’antenne française de Youth for Climate présente une série de mesures très concrètes en direction du gouvernement. Dans leur manifeste, publié le 15 mars sur le site d’informations Médiapart, ils et elles détaillent en sept points leurs revendications. En haut de la liste : mettre en première page de l’agenda politique la limitation du réchauffement climatique à 1,5 degrés maximum et la réduction des émissions de gaz à effets de serre de 10% par an. Du côté de l’agriculture, ils exigent une transition vers l’agroécologie et l’utilisation des semences « paysannes ».
« Passer à la vitesse supérieure en termes de désobéissance »
Présente en France au début du mois, l’activiste indienne Vandana Shiva prône la désobéissance créative comme mode d’action à cultiver dans le monde entier. Le message est entendu par Youth for Climate qui voit se dessiner, avec cette grève mondiale et pour la suite, une multiplication des actions de désobéissances civiles, plus faciles à exporter sur différentes échelles. Quelques heures avant le départ de la marche du 15 mars, ils étaient environ «150 devant le siège de la Société Générale, à La Défense à Paris » détaille Lena Lazare, l’une des initiatrices de Youth for Climate et membre de Désobéissance écolo Paris. « On est venu dénoncer le financement des énergies fossiles et des projets écocides de l’entreprise, mais aussi du monde de la finance en général », précise-t-elle.
Pour Antoine Soulas, autre coordinateur des grèves scolaires parisiennes, « il faut passer à la vitesse supérieure en termes de désobéissance. On ne peut pas faire des actions toutes les semaines mais chaque groupe à sa manière peut multiplier les modes d’action, amplifier la désobéissance civile et sortir du symbolique ». Un mouvement qui plante des graines et qui donne déjà rendez-vous dès ce samedi après-midi pour une nouvelle mobilisation, “La Marche du Siècle” à suivre en direct sur Radio Parleur.