C’est une première depuis le début du mouvement. Des Gilets Jaunes et des syndicalistes étaient réunis mardi 5 février pour cette grève générale appelée par la CGT. Pas de pays bloqué mais, à Paris et dans plusieurs villes de France, des cortèges fournis pour dénoncer l’urgence sociale et peut-être esquisser une première convergence entre le mouvement populaire et les luttes classiques.

La convergence des luttes, c’est un peu l’arlésienne de la lutte sociale. On en parle beaucoup mais on la constate rarement. Pourtant, mardi 5 février, à l’occasion de la première grande mobilisation syndicale de l’année, le mot était sur de nombreuses lèvres. Celle des Gilets Jaunes, venus parsemer le cortège et celle des syndicalistes, qui commencent à comprendre qu’ils sont peut-être passés à coté d’un mouvement social de grande ampleur. Alain, membre de la CGT depuis 1978, l’avoue sans ambages. « Il est vrai que les syndicats ont été à la ramasse au début. Mais ils ont pris le train en marche et on est en train de faire quelque chose. »

Alain, membre de la CGT, dans le cortège du 5 février 2018. Photo : Laury-Anne Cholez pour Radio Parleur.

Un peu plus loin, Martine, militante d’ATTAC, distribue des billets de 100 milliards d’euros pour financer la destruction du climat. Elle refuse d’instaurer une frontière entre le mouvement des Gilets Jaunes et les syndicats. « On ne va pas commencer à se diviser, sinon cela va faire le jeu du gouvernement. C’est la politique du pas à pas, on fait ça progressivement. Sinon, on fait la révolution. On est des grands spécialistes. Mais ça fait des morts. »

« Je ne suis pas syndiquée et je ne le serais jamais, mais c’est des êtres humains comme nous »

De nombreuses colères sont réunies dans le cortège. Celle des soignant·e·s (notamment en psychiatrie), celles des profs, des retraité·e·s, des cheminot·e·s, des étudiant·e·s,  et bien sûr celle des Gilets Jaunes. Sur les réseaux sociaux, les débats font rage entre partisans de la convergence et irréductibles qui refusent toute forme de rapprochement avec une quelconque organisation syndicale ou politique. Jocelyne, vêtue de sa chasuble fluo, a participé à toutes les manifestations du samedi. Elle a pourtant décidé aujourd’hui de défiler à coté des ballons de la CGT. « Je ne suis pas syndiquée et je ne le serai jamais, mais c’est des êtres humains comme nous, qui se battent pour le pouvoir d’achat comme nous. »

Jocelyne, Gilet Jaune dans le cortège syndical du 5 février 2018. Photo : Laury-Anne Cholez pour Radio Parleur.

Près de 300 000 manifestants dans 200 villes ont répondu à l’appel de grève générale d’après la CGT. À Paris, la Préfecture en dénombre 18 000, le cabinet Occurrence mandaté par un collectif de médias près de 14 000 et la CGT annonce 30 000 personnes. Une foule compacte qui s’est étirée le long de la rue de Rivoli, jusqu’à la place de la Concorde, lieu d’arrivée du cortège.

Au même moment, de l’autre coté du pont, à l’Assemblée Nationale, les députés votaient la proposition de loi anti-casseurs à 387 voix pour et 92 contre. Un texte qui ne fera que rajouter de l’huile sur le feu. Les Gilets Jaunes appellent eux déjà à un Acte XIII ce samedi 9 février, tandis que la CGT espère réitérer chaque semaine la mobilisation de ce mardi.