Une manifestation pour demander le rétablissement de l’ordre public. Voici une des revendications de la Marche républicaine des libertés pour laquelle quelques milliers de personnes – 10 500 selon la Préfecture de police – ont défilé ce dimanche 27 janvier à Paris entre Nation et Bastille.
La “majorité silencieuse” ne réunit au départ que quelques centaines de personnes sur la place de la Nation à 14h. Le cortège s’agrandit finalement avant de défiler sagement le long du boulevard Diderot sous la pluie. La marche tient un rythme de promenade dans les rues parisiennes et se fait très silencieuse entre les drapeaux français – parfois européens – et les t-shirts “j’aime ma démocratie, stop aux violences”. Tout le monde ne porte pas de foulard rouge et certains ne semblent pas au courant de l’origine de ce choix, jusque-là surtout utilisé comme symbole du mouvement ouvrier. A la fin de la marche, une manifestante interrogée reconnait que ce foulard est “un choix des fondateurs mais la raison [lui] échappe un peu”.
Un mouvement “apartisan” pour défendre le gouvernement
Les Foulards Rouges se défendent d’être liés à un parti, malgré les relations de la plupart des organisateurs avec LREM. La marche se veut représentante de la “France silencieuse”. Certains crient “on est aussi le peuple” et rappellent qu’il faut respecter la République et le gouvernement élu, en alternant alors avec le slogan “on a voté”. Le slogan “stop aux violences” est visible sur les t-shirts offerts par les organisateurs. Par violences, entendez ici les dégradations matérielles. Celles commises par les Gilets Jaunes le 1er décembre à l’Arc de Triomphe semblent être le point de départ de la colère des Foulards Rouges. “Nous n’accepterons jamais de voir notre République attaquée. Nous n’accepterons jamais de voir notre soldat inconnu souillé. Nous n’accepterons jamais de voir l’arc de triomphe vandalisé” écrit Théo Poulard, jeune organisateur du mouvement, dans la pétition qu’il a lancé pour dire stop aux violences. En revanche, pas un mot sur les violences policières exercées contre les Gilets Jaunes depuis l’Acte I. Lorsqu’il est demandé à un manifestant s’il les compte dans les violences contre lesquelles il s’insurge, il contourne le sujet en déclarant que les Gilets Jaunes ne s’expriment que par la violence “si vous n’êtes pas d’accord avec eux, c’est au minimum l’insulte et après, c’est la violence”. Ici, personne ne chante “tout le monde déteste la police”. C’est le slogan “merci la police” qui vient au contraire prendre la place dans la bouche des Foulards Rouges.
Perturbation aux couleurs jaunes
Calme jusque-là, la foule s’agite et crie davantage à l’arrivée de la marche face à un groupe de Gilets Jaunes posté dans l’escalier de l’Opéra Bastille. Un cordon de CRS se forme instantanément pour empêcher quiconque de s’approcher des Gilets Jaunes qui déploient une banderole “Macron destitution, écologie sans transition”, rappelant l’Agora pour le climat qui se tient au même moment, un peu plus loin, sur la place de la République. Chez les Foulards Rouges, la colère monte et les insultes fusent. On peut alors entendre les slogans “Gilets Jaunes voyous”, “Gilets Jaunes fachos” ou encore “ça suffit la chienlit”. D’autres demandent en rigolant si “personne n’a de cacahuètes à leur lancer”, le tout entre deux chants de la Marseillaise. Le terme “fascisme” revient souvent également. Outre les slogans insultant les Gilets Jaunes, la foule leur répète que “le fascisme ne passera pas”. Dans la même veine, un manifestant et une manifestante estiment que “tous les gilets jaunes ne sont pas fascistes mais il y en a derrière eux. C’est l’extrême-droite et l’extrême-gauche côte à côte qui se rejoignent au milieu”. Les Foulards Rouges intiment alors aux Gilets Jaunes de “libérer l’escalier” de l’Opéra Bastille. Réponse du groupe de Gilets Jaunes : “libérez la Bastille”.
A la fin de la marche, les Foulard Rouges quittent sagement la place dès la première demande des forces de l’ordre à 17h. Un manifestant félicite d’avoir tenu une “belle manifestation et surtout sans violence”.