Sous le soleil phocéen, 2500 personnes ont revêtu leur gilet jaune samedi 19 janvier pour arpenter les rues de Marseille. Avec en tête du cortège, une colère locale : celle du mal-logement, après l’effondrement d’immeubles rue d’Aubagne.
Sans parcours prédéfini, le chemin de cette manifestation non déclarée a été dicté par les forces de l’ordre : « on va là où on peut aller. C’est les flics qui nous canalisent », raconte Jacques, un quinquagénaire au visage marqué, qui marche en tête du cortège au niveau de l’avenue de la Canebière.
Malgré la présence policière, nombreux sont celles et ceux qui sont resté.e.s battre le pavé jusqu’au coucher du soleil. Du Vieux Port à la gare Saint-Charles, les chants alternent entre le désormais classique « Macron démission », l’éternel tube des manifs « on lâche rien » et des spécificités plus locales comme : « Castaner, va niquer ta mère sur la cane cane cane bière ». Seuls les gaz lacrymogènes viennent interrompre les chants des manifestant.e.s. Au niveau de la préfecture, une dizaine de retraité.e.s battent en retraite : « ils ont commencé à gazer… Nous, on court pas assez vite pour rester ». Un sapeur pompier volontaire, présent par solidarité avec les Gilets Jaunes, constate alors les premiers dégâts : « rien de grave, mais on a eu quelqu’un qui s’est évanoui à cause des gaz, un autre qui a reçu un coup de matraque ».
Une demande de justice sociale sur un terreau brûlant
A Marseille, les revendications des Gilets Jaunes pour plus de justice sociale trouvent un triste écho après l’effondrement des immeubles rue d’Aubagne le 5 novembre, causant la mort de 8 personnes. « Toutes les misères du monde, elles se rejoignent dans ce mouvement », affirme d’ailleurs Gégé, militant de longue date, aujourd’hui Gilet Jaune. « Celle du logement, du pouvoir d’achat…» Le collectif du 5 novembre, lancé suite à ce drame, est venu grossir les rangs de la manifestation. Sans être le moteur principal de cet acte X, il ajoute une colère locale aux revendications nationales des Gilets Jaunes.
Reportage de Manon Meyer. Photos d’Alexandre Vella.