Le Tour Alternatiba s’est terminé samedi 6 octobre à Bayonne avec un rassemblement de plusieurs milliers de personnes. L’occasion de saluer les succès du mouvement écologique et d’enclencher une nouvelle ère : celle de l’action, après plusieurs années à lancer, partout en France, l’alerte sur le réchauffement climatique et ses conséquences.
“On lâche rien ! On lâche rien ! “. La pluie tombe sur Bayonne. Des gouttes d’eau froides et épaisses qui ne s’arrêteront quasiment pas du weekend. Samedi 6 octobre pourtant, rien ne semble pouvoir empêcher le public d’Alternatiba de fêter jusqu’au bout de la nuit l’arrivée de ses cyclistes.
Quelques heures plus tôt, ils ont bouclé le parcours de plus de 5800 kilomètres et près de 200 étapes entamé il y a presque 4 mois. “On leur fait une haie d’honneur” s’exclame un militant au micro depuis la tribune. C’est sous les applaudissements, les slogans, le tambour d’une batucada et à coups frénétiques de sonnettes que le cortège des vélos, accompagné entre autres par le militant Cédric Herrou et l’ancien ministre Benoit Hamon, entre sur la place Paul Bert, au centre de Bayonne. Les machines ; des tandems, des triplettes et même des quadruplettes, sont hissés sur scène à la force des bras. La fête peut commencer, elle ne s’arrêtera que tard dans la nuit.
” C’est un peu comme une famille”, explique Damien qui a passé deux mois à vélo sur les routes du tour. “On partage les mêmes valeurs et on donne tout pour remplir notre mission : créer une mobilisation citoyenne sur les enjeux climatiques”. Presque un millier de bénévoles sont présents pour l’organisation de cette ultime étape du tour. Des conférences, un village des alternatives, une grande scène, plusieurs concerts…On retrouve la recette qui a fait le succès des 175 villages sur le climat organisés par Alternatiba depuis 2015. Un mélange d’esprit festif et de sensibilisation aux alternatives existantes en faveur du climat. Dans les allées, les participants sont invités à s’engager : à retirer leur épargne des banques qui financent les entreprises polluantes ou plus simplement à mieux composter leurs déchets. Dans les conférences, on retrouve de nombreux membres des partis politiques de gauche comme la député Insoumise Clémentine Autain ou le maire écologiste de Grenoble Eric Piolle.
“Les petits pas, les petits pas, ça ne suffit pas !”
Le slogan lancé dimanche à la tribune par Vincent Verzat, youtubeur membre de la chaîne militante “Partager c’est sympa”, résume à lui seul les réflexions du rassemblement. Si dans les allées, Alternatiba et les associations partenaires continuent à promouvoir les actions individuelles, dans les conférences et surtout à travers les mots des acteurs du mouvement et de leurs soutiens, on ressent bien l’urgent besoin de voir plus loin.
Alors que le nouveau rapport du Groupe International d’Expert sur le Climat (GIEC) est publié lundi 8 octobre, Alternatiba a conclu le rassemblement par un manifeste : “le temps de l’espoir et de l’action”. Une nouvelle ère qui se traduit concrètement dans un livret de propositions : le Burujabe. “C’est encore un document de travail” précise David Lannes, l’un des auteurs de ce qui ressemble quasiment à un programme politique.
Une échelle d’action : le territoire
68 pages et 9 grands thèmes qui abordent tous les aspects de la gestion d’un territoire. Ce “Burujabe” contraction du basque Buru (Tête, personnalité) et Jabe (Maître, propriétaire) est consacré au Pays-Basque. Il propose, par exemple, de promouvoir les monnaies locales ou de remunicipaliser les régies de fourniture d’eau et d’énergie. “Nous avons consacré notre travail au territoire où nous vivons et travaillons. C’est celui que nous connaissons mais chaque territoire peut élaborer son livret de solutions.”
Le “territoire”, c’est l’échelle d’action que veut promouvoir le mouvement Alternatiba. Une vision proche du municipalisme et inspiré par les mouvements régionaux comme celui qui a secoué la Catalogne l’année dernière. “Quand on voit les centaines de milliers de personnes qui ce sont mobilisées pour leur territoire en Catalogne. On se dit que cette énergie pourrait servir à agir pour le climat la où nous sommes”, analyse David Lannes.
Sur la grande scène, le youtubeur Vincent Verzat est toujours au micro. “Il y a urgence il faut mettre le paquet”, lance t-il avant de tendre sa paume ouverte peinte de rouge. “Nous n’avons plus le temps d’attendre, nous agirons pour construire le monde dans lequel nous voulons vivre et reprendre notre avenir en main”. Des mots qui vont se concrétiser dès la fin de l’année avec une action non-violente géante prévue le 14 décembre contre la Société Générale avec un objectif : nettoyer l’argent sale que la banque utilise pour financer les énergies fossiles.