Les questions LGBT+* ne sont toujours pas la première préoccupation des médias grand public. Or, du côté des webzines, blogs et sites internet, contenus et revues se multiplient. À quoi ressemblent les coulisses de ces médias engagés ? Financement, bénévolat, contributions et écriture inclusive étaient au programme d’un débat organisé par le webzine Les Ourses à Plumes pour le lancement de sa revue papier.

*LGBT+ : Lesbienne, Gay, Bi, Trans, le + désigne les personnes non hétérosexuelles et/ou non cisgenres.

Les Ourses à Plumes est un projet participatif qui se construit autour d’une revue en ligne féministe, antipatriarcale et anticapitaliste. L’équipe de contributrices bénévoles ancre sa réfléxion dans les luttes contre le sexisme, le racisme, la lesbophopie, la biphopie, la transphobie, l’handiphobie ainsi que dans la lutte des classes, et fait également le lien entre celles-ci et les luttes écologistes. Leur ambition est de dépasser les publics militants et universitaires, pour contribuer à l’essor du féminisme.

Des médias engagés qui font face aux mêmes défis

14h30, samedi 15 septembre, une assemblée se réunit sous le soleil de septembre au jardin de la Folie-Titon, dans le 11e arrondissement de Paris. Toutes et tous ont répondu présent·e à l’event Facebook créé par Les Ourses à Plumes, qui lancent ce jour-là le premier numéro de leur revue papier, financé avec une souscription en ligne. Les Ourses savent s’entourer, et ont réuni un panel de médias engagés sur les questions de genre : Simonae, Friction, Les Terriennes, Well Well Well, Komitid, et Roseaux. Tous ceux-ci se trouvent face à des contraintes similaires et les surmontent à leur manière.

Le prix de l’indépendance

Pour la plupart, ces médias fonctionnent grâce au travail de bénévoles. Ce fonctionnement implique des contraintes auxquelles les médias classiques n’ont pas à faire face. Pour autant, elles ont su dépasser le surinvestissement, l’engagement fantôme et le manque de régularité ou de soutien, et continuent à publier, à leur rythme.

Si l’on exclut Les Terriennes, hébergées par TV5 Monde, qui dispose de subventions publiques, et Komitid, qui peut compter sur des investissements privés, la majorité doit également faire face au défi du financement. Pour éviter des publicités non choisies, Marie Kirshen raconte que la revue lesbienne Well Well Well (tirée à 3000 exemplaires) a fait le choix de s’en libérer. Les représentantes des webzines approuvent. Elles se sont toutes tournées vers le crowdfunding et les appels à souscription ou à soutien régulier.

La sororité pour exister

Pour ces jeunes médias, le besoin de visibilité est essentiel. Sortir de son cercle militant, toucher de nouveaux publics sont des enjeux fondamentaux, face auxquels les réseaux sociaux semblent insuffisants pour tous les médias représentés. Déjouer les algorithmes de Facebook, Twitter ou Instagram, ou jouer le jeu du référencement Google sont des préoccupations vitales pour recruter de nouveaux soutiens, mais également des contributrices et contributeurs.

Face à tous ces défis, Suzon de Roseaux évoque son envie : se dépasser, sortir des limites imposées aux femmes par les codes de notre société. Cet après-midi au soleil en est l’illustration : c’est par la sororité et l’entraide que les beaux jours fleuriront pour les médias engagés sur le front du genre.

Le 1er exemplaire de la revue des Ourses à Plumes est disponible ici.