À l’occasion de la parution en français de son ouvrage de 2005, Comment la non-violence protège l’État. Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux, Peter Gelderloos, militant anarchiste états-unien, était invité à la Librairie Publico pour une soirée de débat et d’échanges, le 26 mai 2018. Nous vous proposons ici la traduction de son intervention. En revenant sur son ouvrage, mais plus généralement sur son expérience de militant en Espagne pendant le mouvement des places, il évoque une certaine forme de militantisme non-violent comme étant à l’origine de l’échec d’un bon nombre de mouvements sociaux contemporains.
Inefficacité de la non-violence
Dans son ouvrage Comment la non-violence protège l’État. Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux, publié en français par les Éditions LIBRE Peter Gelderloos élabore une critique d’une stratégie d’action politique qui se présente comme étant la seule voie légitime pour mener à bien des transformations sociales. Loin de considérer que les militant.e.s disposent d’un répertoire de pratiques varié, pouvant aller du sitting au sabotage, par exemple, les partisan.ne.s d’une non-violence radicale excluent activement – voire attaquent – celles et ceux qui s’engageraient dans des actions comme l’affrontement avec la police ou la dégradation de façades de banques. Dans leur logique, alimentée par un récit bien particulier du succès de quelques mouvements sociaux (les militant.e.s indépendantistes d’Inde, le mouvement des droits civils aux État-Unis aux années 60, parmi d’autres moments forts de l’activisme dit non-violent), le recours à la violence délégitimerait d’entrée toute revendication, desservirait les objectifs des mouvements et serait donc à bannir.
Dans un contexte historique où la question de la violence dans les luttes sociales revient avec de nouvelles énergies, l’ouvrage de Gelderloos vient souligner les limites, bien visibles, de la stratégie dite non-violente. Appelant à sortir de la dichotomie violence/non-violence, il invite à prendre conscience du fait que le succès des mouvements sociaux au cours de l’histoire a ses racines, précisément, dans la diversité des stratégies et des actions qu’ils ont pu déployer, plutôt que dans une légitimation morale qui relève beaucoup de la posture.
Invité :
Peter Gelderloos est un militant anarchiste né aux États-Unis. S’étant installé en Espagne vers la moitié des années 2000, il a participé activement aux mouvements sociaux qui s’y sont articulés en 2011. Il a publié de nombreux ouvrages en anglais sur la question de la violence et sur l’anarchisme.
Radio Parleur tient à remercier Isabelle Billiau, qui non seulement a assuré la traduction simultanée pendant la présentation de Peter Gelderloos, mais qui nous a aussi fourni la retranscription en français de celle-ci.
Le lieu :
La librairie Publico est une librairie spécialisée dans les différents courants de l’anarchisme. Elle se trouve au 145 rue Amelot, Paris 11ème.