A Toulouse, près de 2000 personnes ont participé  à l’université d’été européenne d’ATTAC qui s’est terminée ce dimanche. De quoi préparer une rentrée sociale qui s’annonce bien chargée.

Les ateliers sont complets. Les amphithéâtres débordent. Les gens sont assis sur le sol des salles de conférences. Les premiers jours de l’université d’été européenne des mouvements sociaux, organisée par ATTAC du 23 au 27 août attirent les foules. Près de 1500 personnes sont inscrites pour participer à l’événement et les organisateurs estiment avoir largement dépassé ce chiffre. “C’est une excellente surprise. Je pense que nous allons finissons la semaine avec plus 2000 personnes “, explique Nils Loret, chargé de la coordination de l’évènement.
Un public nombreux qui a préféré s’enfermer dans des amphis bondés (et surchauffés ! ) plutôt que de profiter des derniers rayons de soleil de l’été. “C’est un lieu de transmission des savoirs”, explique Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, dans notre interview publiée jeudi 24 août. 
Pendant 5 jours, les participants ont eux le choix  entre une dizaine de plénières, une vingtaine de séminaires, et une soixantaine d’ateliers sur des sujets très variés : la précarité de l’emploi, la crise du capitalisme, les migrants, les emplois pour le climat, les rapports de domination et bien sur la loi travail qui s’annonce comme le combat social de la rentrée.
Depuis sa création, il y a bientôt 20 ans, ATTAC a toujours joué un rôle de pédagogie, de vulgarisation, d’éducation populaire et de déconstruction des discours des experts, notamment sur le thème de la dette et de la finance. L’association est notamment à l’origine de la taxe Tobin. “Il y a 20 ans, cela paraissait dingue, mais aujourd’hui, même François Hollande assure que son ennemi est la finance”, remarque Hervé, membre d’ATTAC Marseille. Ce militant, bénévole à la buvette, a vu son association évoluer au fil du temps. “Notre vocation originelle est produire des idées et des réflexions pour que les politiques et les citoyens s’en emparent. Aujourd’hui, il y a un nouvel aspect : la désobéissance civile”. Ces derniers mois, Starbucks et Apple ont été la cible des activistes créatifs d’ATTAC.
Des campagne qui ont eu un très fort écho au delà des cercles de militants convaincus. Le champ de réflexion s’est également élargi aux problématiques écologiques mais certains écolos ont certainement préféré assister aux journées d’été d’EELV, qui ont lieu le même weekend à Dunkerque.
Autre concurrent sérieux, les “amphis d’été” de la France Insoumise, qui se tiennent à Marseille aux mêmes dates. “On est un peu dégoûtés car notre date était prévue longtemps à l’avance. Mais cela ne semble pas impacter notre fréquentation. Les gens font peut-être la tournée des événements militants”, estime Nils Loret.
La France Insoumise, c’est le sujets qui revient dans de nombreuses conversations. Les rapports entre ATTAC, les organisations de la société civile et la nouvelle plateforme politique  sont encore flous. Dans les allées, beaucoup craignent de se voir “imposer une participation obligatoire et sans condition ” au mouvement qui a porté la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
Pour le moment aucun contact concret n’a eu lieu entre ATTAC et la France Insoumise, notamment concernant la manifestation du 23 septembre contre le projet de loi travail du gouvernement Macron. Une mobilisation que Jean-Luc Mélenchon à encore mis en avant ce dimanche à Marseille au détriment de la manifestation du 12 Septembre annoncée depuis longtemps par les forces syndicales. Pour Aurélie Trouvé, la porte-parole ” il n’est pas question de rester chacun dans son coin. Mais on espère qu’on nous proposera une participation pleine ,entière et en notre nom propre ( à la manifestation du 23 septembre) “.
C’est la troisième fois qu’ATTAC organise son université d’été à Toulouse, mais c’est la première à dimension européenne. “Toulouse est une ville très active sur le plan militant. Son éloignement n’est pas du tout un frein, nous avons des participants qui viennent de tous les continents : d’Europe bien sûr, mais aussi d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie”, précise Nils Loret.
Ici, les débats et conférences s’articulent autour de trois échelles : locale tout d’abord, nationale ensuite avec la préparation de la rentrée contre la Loi Travail, et enfin internationale. “Il faut s’intéresser à ce qui se passe en dehors de nos frontières quand on ne veut pas tourner en rond avec les mêmes solutions”, remarque  Verveine Angeli, membre du secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires.
Dans les allées de l’université du Mirail totalement rénovées, on trouve de nombreux partenaires historiques d’ATTAC, comme Artisans du Monde, membre fondateur. Cathy Naude, la cinquantaine, bénévole à la boutique de Toulouse, tente de protéger ses tablettes de chocolat équitable des rayons du soleil. “Ici, il y a beaucoup de personnes de mon âge, mais je suis contente car j’ai aussi parlé avec des jeunes qui connaissaient un peu notre marque”. En effet, le public n’est pas uniquement composé de gens aux cheveux blancs.
“Camille” (prénom changé à sa demande) est un jeune homme qui rentre tout juste de l’île de la Réunion, où il faisait partie de la section locale d’ATTAC. “Après Nuit Debout, j’ai cherché à rejoindre un groupe qui reprenait les réflexions qu’on avait eu sur les places. Et ATTAC correspondait à cela, même si dans cette association, il y a plus de réformistes que de révolutionnaires”.
Solenne Boiziau d’Utopia a participé à l’organisation d’une conférence sur le municipalisme, faute de budget suffisant pour prendre un stand. “C’est un lieu de retrouvailles qui nous permet de faire beaucoup de réseau, de consolider nos connaissances, de retrouver nos partenaires”.
Au final, des échanges, des rencontres, des découvertes, des débats et une belle réussite pour une université d’été européenne des mouvements sociaux qui a permit aux militants de se retrouver, au-delà des clivages classiques des partis politiques, et de poser les jalons pour une rentrée sociale qui s’annonce très chargée.