La vague de froid s’achève dans un soupir de soulagement pour les réfugiés, migrants et bénévoles qui ont affronté cette période difficile. Une période de froid et de violences dont ils sortent éprouvés et révoltés de la politique de “l’accueil” qui est réservé à celles et ceux qui traversent les océans pour rallier l’Europe. Ils s’appellent Sarah, Cilia, Romain, Murielle, Sadoc, Jérôme, ou Annick. Radio Parleur a suivi le quotidien de quelques uns de ces bénévoles qui tentent de trouver des solutions aussi hospitalières que possible.
Ils sont parisiens et provinciaux, ils sont étudiants, retraités ou salariés. Tout-e-s se sont mobilisé-e-s pour venir en aide aux centaines de réfugiés délaissés sur les trottoirs de Paris. Face à l’urgence, ils se sont organisés spontanément pour faire des maraudes du matin au soir, et distribuent couvertures ou petits déjeuners gratuits.
Annick Russeau habite le 19e. Indignée par les conditions de survie des migrants dans les camps de Stalingrad, elle a rejoint le collectif “P’tits dej à Flandre” pour leur apporter de l’aide et du soutien. En voyant la situation évoluer au cours des derniers mois, elle dresse un bilan mitigé des solutions d’accueil mises en place par la mairie de Paris.
Celles et ceux qui font des maraudes le savent, les migrants et réfugiés à la rue sont surtout rassemblés dans le quartier de La Chapelle, et aux abords de la Halle Pajol. Et ils sont très nombreux, plusieurs centaines. Vendredi dernier, les membres du collectif “P’tit Dej à Flandres” se sont réunis à la librairie des Orgues dans le 19e arrondissement pour faire le point sur l’organisation des distribution de petits déjeuners ainsi que le reste des aides et des actions envisagées. Tous les matins, la logistique à mettre en place est importante pour distribuer tartines, boissons chaudes et autres victuailles.
Malgré l’ouverture récente de deux centres d’accueils par la mairie de Paris, d’abord à Porte de la Chapelle en novembre dernier, et à Ivry le 19 janvier, la situation est critique. La “bulle” de la Chapelle ne peut accueillir 400 personnes, et le centre d’Ivry 350. Les camps de Jaurès et Stalingrad comptaient pourtant 3800 personnes au moment de leur démantèlement. Il y a bien eu des mises à l’abri, effectuées dans 78 centres, mais beaucoup de migrants ont dû revenir à Paris pour y faire leurs demandes d’asile. Sauf qu’il n’y a plus de campement, plus de tentes, systématiquement confisquées par la police, et qu’il faut parfois faire la queue pendant trois jours pour avoir une place d’hébergement au centre de la Chapelle.
Mardi matin rue de Pajol, aux alentours de neuf heures, il fait -3°. Les réfugiés arrivent les uns après les autres et plusieurs bénévoles sont déjà sur place. Ils déplient des tables, sortent les croissants et installent les thermos de thé et de café. Certains font partie du collectif “Quartiers Solidaires”, d’autres des “P’tits Dej à Flandres”, et puis d’autres qui viennent aider spontanément. Le soutien des commerçants du quartier leur est aussi d’une aide précieuse. Certains viennent déposer leurs invendus, et d’autres réchauffent la pâte à tartiner quand les températures sont trop basses. Sadoc vient presque tous les jours depuis un an. Aujourd’hui, il connaît tout le monde.
Jérôme Musseau, lui, a 43 ans. Il est enseignant et cela fait quatre mois qu’il a rejoint le collectif. Comme Annick, il estime que l’intervention des bénévoles est indispensable.
Un grand merci à Isabella Hin pour les photos.
June Loper