Depuis plus de six ans que les exilés squattaient l’immeuble insalubre du 22 rue Colonel Fabien à Aubervilliers. Ce lieu était devenu une véritable institution pour les exilés africains francophones arrivés à Paris. Le 4 avril, les quelques 140 personnes qui occupaient le squat dans des conditions très précaires ont été expulsées sans solution de relogement et se sont ensuite installées dans le campement de la rue Schaeffer, où des sans-papiers vivent déjà en autogestion. Radio Parleur les a suivis.
Le squat du 22 rue du Colonel Fabien, à Aubervilliers. Photo : Annabelle Martella pour Radio Parleur.
Du taudis à la rue
Cela faisait plus de 6 ans que les exilés squattaient l’immeuble insalubre du 22 rue Colonel Fabien à Aubervilliers. Le squat était devenu une institution. Si on dormait à Gare du Nord ou à Porte de la Chapelle, on finissait forcément par en entendre parler : « Tu es africain francophone ? Rejoins les exilés du 22 rue Colonel Fabien, il y a une communauté là-bas. »
Une centaine d’exilés se partageaient les lieux. Les conditions de vie y étaient effroyables : matelas à même le sol, un toilette pour cent personnes, mais tous étaient bien d’accord sur une chose : « Il faut mieux vivre au Colonel Fabien que dans la rue. »
A l’intérieur du squat, des conditions de vie très précaires. Photo : Annabelle Martella pour Radio Parleur.
La fin de la trêve hivernale
Le 4 avril dernier, il a fallu quitter les lieux. La fin de la trêve hivernale a sonné le glas et plus d’une centaine de migrants se sont retrouvés sans solution d’hébergement. Les manifestations devant la mairie d’Aubervilliers ou la Préfecture de Bobigny n’y ont rien changé.
Le conseiller municipal délégué à la prévention des expulsions d’Aubervilliers les a reçus le 27 mars. Mais avant le rendez-vous, il a été formel : « Nous ne sommes pas en capacité de les reloger. Plus de 6 000 personnes attendent des logements sociaux dans la commune. Nous allons faire de notre mieux pour les accompagner dans leur demande de régularisation et diriger les mineurs isolés vers des structures adaptées. C’est à la préfecture d’agir. »
Errer de squat en squat
Les fenêtres et les portes complètement murées, il est impossible aux occupants de se réinstaller au 22 rue du Colonel Fabien. Ils partent donc à la recherche d’un autre endroit, accompagnés par l’association Assid (Association des sympathisants solidaires des Ivoiriens de la diaspora). Ils finissent par s’installer dans le campement de la rue Schaeffer où des sans-papiers vivent déjà en autogestion. Des conditions de vie encore plus déplorables et une expulsion prévue dès le mois de mai.
Un reportage d’Anabelle Martella
