Encore un affront à l’égard de la jeunesse et du secteur associatif. L’Agence du Service Civique a annoncé, dans un message envoyé aux associations et aux fédérations sportives concernées, la suspension des contrats de service civique à compter du 1er février. Une situation gelée à cause de l’absence de vote du budget.
Suivant une note du ministère des Comptes publics publiée le 29 janvier, l’Agence du Service Civique a demandé à tous les organismes accueillant des personnes en service civique de suspendre toute entrée en mission à partir du 1er février, quand bien même un contrat aurait été saisi et/ou validé, « jusqu’à adoption du budget de l’État ». Les contrats signés et déjà amorcés en janvier 2025 ne sont pas concernés. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a toutefois demandé de veiller aux situations individuelles. Les jeunes qui commencent une mission à l’international et les étrangers qui, en réciprocité, s’engagent en France, ne sont pas impacté·es. Également, les missions prévues à Mayotte ne sont pas suspendues. Une annonce tardive pour les associations et qui impacte fortement les jeunes qui devaient commencer leur contrat au début du mois. Une fois de plus, la jeunesse et le milieu associatif font l’objet de coupes budgétaires. Alors même que le service civique concerne plus de 148 500 jeunes en 2023 selon le rapport d’activité de l’Agence du Service Civique.
« L’État place brutalement des milliers de jeunes et d’associations au pied du mur »
Le Mouvement associatif et la Plateforme interassociative pour le Service Civique ont adressé une lettre au Premier Ministre François Bayrou le 3 février : « Faute de loi de finances pour 2025, l’État place brutalement des milliers de jeunes et d’associations au pied du mur ». Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif demande au Premier ministre « de lever le coup d’arrêt mis sur le Service Civique dans l’attente du vote du PLF 2025 pour permettre à tou·tes les jeunes qui le souhaitent de s’engager […] et de sanctuariser dans la loi de finances 2025 les 600 millions d’euros de budget alloués au Service Civique, afin de maintenir à 150 000 le nombre de jeunes volontaires accueillis en 2025, conformément aux engagements pris par le Gouvernement et soutenus par le parlement ».
Le secteur associatif déjà fragilisé
Pour Marion Frelat, directrice générale de Coexister France, « cette décision ajoute une goutte d’eau dans un verre qui est déjà assez plein ». Cette association d’éducation populaire a pour vocation de lutter contre les préjugés basés sur les convictions chez les jeunes qui ont entre 15 et 35 ans. Iels travaillent exclusivement avec les jeunes et accueillent entre 20 et 30 personnes en service civique par an. « Nous avons des jeunes qui devaient commencer début février. Ce qui est regrettable c’est que le service civique est une opportunité pour des jeunes qui ont parfois des parcours éducatifs et professionnels sinueux et geler l’accès au service civique ferme des portes à énormément de jeunes ». Elle fait part de son inquiétude face à la perception du gouvernement sur le monde associatif, « cette annonce nous envoie des signaux qui nous font un peu peur, parce que même si le ministère dit que c’est un gel momentané, ça crée chez nous une vive émotion. Le service civique peut sauter et être mis entre parenthèses à tout moment et ce n’est pas un avenir qui est très apaisant pour les associations, qui, par ailleurs, sont déjà dans un contexte très précaire. Les financements, la mobilisation des bénévoles et l’engagement sont difficiles ».
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Contactée, l’Agence du Service Civique nous explique dans un e-mail que « la ministre [ N.D.L.R. des comptes publics, Amélie de Montchalin ] espère donc l’adoption d’un budget pour le pays dans les prochains jours afin de permettre aux jeunes concerné·es et aux structures qui les accompagnent de concrétiser leur engagement. » Ce lundi 3 février, l’Assemblée nationale s’est saisie du projet de loi de finances (PLF) 2025. Le Premier ministre François Bayrou a engagé la responsabilité de son gouvernement en utilisant l’article 49, alinéa 3 (49.3) pour faire adopter le projet de loi de finances. Une motion de censure déposée par LFI, EELV et le PCF sera examinée par l’hémicycle mercredi 5 février.
Un Service Civique, c’est quoi ?Créé en 2010, le service civique permet aux personnes de 16 à 25 ans (30 ans en cas de handicap) d’exercer une mission d’intérêt général de six mois à un an dans un organisme public ou privé. Toute personne de nationalité française ou d’un État membre de l’Union européenne peut y prétendre une fois au cours de sa vie. L’objectif principal de cette action lancée par l’État en 2010 est de mobiliser la jeunesse sur des questions de société et de valeurs démocratiques. Associations, fondations, collectivités territoriales, établissements publics… Toute structure à but non lucratif ou de droit public peut accueillir ce type de contrat. |
Clémence Le Maître