Mégabassines suspendues

Mégabassines en suspension, une victoire en demi-teinte

Le mercredi 18 décembre 2024, la cour administrative d’appel de Bordeaux a suspendu l’autorisation environnementale de quatre mégabassines situées dans le bassin de la Sèvre niortaise-Mignon. Cette décision, qui n’a pourtant pas tout de suite été respectée, fait suite à la protection d’un oiseau : l’outarde canepetière. Cette victoire est une bonne nouvelle, mais elle ne signe pas la fin de la lutte.

La cour administrative d’appel de Bordeaux a suspendu les autorisations environnementales de 4 des 16 mégabassines en cours. Cela ne signe pas pour autant leurs fins, mais cela s’inscrit dans une série de jugements qui pointent leurs failles juridiques. 

Si cette décision a été prise, c’est notamment pour protéger une espèce en voie de disparition : l’outarde canepetière. L’outarde est une espèce migratrice particulièrement en danger et protégée depuis plusieurs décennies. Elle vient se reproduire dans les Deux-Sèvres. Si en 1978 on comptait 68 000 couples dans le Centre-Ouest de la France, il n’en reste aujourd’hui plus que 350. Cet oiseau est une espèce parapluie. Il vit sur un large territoire et de nombreuses autres espèces dépendent de lui. 

De nombreux collectifs militants luttent contre ces projets qui impactent la biodiversité et l’environnement. C’est le cas de Bassines Non Merci qui lutte depuis 8 ans contre les projets de bassines en Poitou Charentes, ou encore le collectif les Soulèvements de la Terre. Ils dénoncent les volumes d’eau prélevés mais aussi la présence de cette espèce protégée.

luttent depuis 4 ans contre ces projets qui impactent la biodiversité et l’environnement. Celles-ci dénoncent les volumes d’eau prélevés mais aussi la présence de cette espèce protégée. 

Pour Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines Non Merci, la décision de la cour administrative d’appel de Bordeaux contre les mégabassines constitue une victoire, mais ce n’est qu’un début.

 

 Le combat ne s’arrête pas 

La suspension de 4 de ces mégabassines représente une victoire, mais la lutte n’en est pas pour autant finie. Ces projets pourraient bien à nouveau être mis sur les rails, c’est ce que nous confiait Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines Non Merci, « la tendance actuelle à l’échelle nationale, c’est la multiplication des projets de mégabassines. Cette victoire n’est donc pas seulement symbolique, c’est une victoire d’étape mais une victoire incomplète, la lutte continue ». 

Malgré l’interdiction, l’eau continuait d’être pompée chaque jour pour remplir la mégabassine de Sainte-Soline. Depuis la décision de justice, plus de 40 000 mètres cubes d’eau ont été prélevés en toute illégalité, directement dans les nappes phréatiques de la zone. Cela représente la consommation annuelle moyenne de 740 français·es en une année. 

« Il a fallu se rendre sur place, mettre la pression pour constater que le remplissage continuait, ajoute Julien Le Guet. La décision de justice était pourtant tombée, mais il a fallu 4 jours et des actions médiatiques et de terrain pour que le robinet s’arrête définitivement. Nos mouvements ont vraiment intérêt à assurer le suivi de ces décisions de justice car de nombreux dossiers obtiennent des décisions favorables mais sur dérogations, passe-droits ou laisser faire l’État, ces décisions ne sont pas appliquées ».  

Si la lutte n’est pas terminée, « on prend le chemin des luttes victorieuses et de nombreuses victoires ont été accumulées » nous livrait le porte-parole du collectif. C’est le cas des mégabassines de la Pallu en Vienne, dont le tribunal administratif de Poitiers a confirmé l’annulation en octobre dernier. 

Le lundi 13 janvier 2025 se tenait d’ailleurs devant le palais de justice de La Roche-sur-Yon, le procès de deux militant·es suspecté·es d’avoir dégradé une bassine à Rives-d’Autise, en marge d’une manifestation, le 28 novembre 2023. Un exemple de plus pour démontrer que le combat continue et pour Julien Le Guet de conclure : « La résistance se fait par la diversité des moyens d’actions, la diversité des tactiques. On encourage les gens qui veulent résister localement à élargir leurs alliances. Il n’y a pas de mauvais moyen, si ce n’est protéger la vie des personnes ». 

Salomé Lepretre

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