“Les grand·es oublié·es” – des jeunes exilé·es en recours de reconnaissance de minorité

Les jeunes exilé·es en recours de reconnaissance de minorité se trouvent en situation d’extrême précarité. Avec l’arrivée des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris cette année, c’est encore plus clair. Iels ne rentrent dans aucune case car iels ne sont ni reconnu·es mineur·es par le département ni reconnu·es majeur·es par l’Etat. Ces jeunes se trouvent donc dans un trou juridique et administratif.


Pendant la préparation des JOP, ce public souffre d’une augmentation des expulsions de leurs campements impliquant la perte de leurs affaires personnelles et des violences policières. Iels n’ont pas d’endroit où aller, car dans leur cas, iels n’ont pas le droit d’entrer aux logements d’urgence (réservés pour majeurs car normalement c’est l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) qui s’occupe de la prise en charge des mineurs) ou des accueils de jour. Les jeunes sont donc contraints de vivre dans la rue. Ce quotidien de vulnérabilité n’est pas nouveau. Les Jeux Olympiques montrent une stratégie politique de plus en plus hostile envers les personnes les plus précaires, surtout les personnes exilées.

Environ 60 % des jeunes en recours sont reconnu·es mineur·es en deuxième instance

Après un refus de leur minorité de la part de centres d’évaluation des départements, un grand nombre des jeunes demande un recours devant un ou une juge des enfants. Selon les associations, le temps d’attente jusqu’à leur audience peut durer plusieurs mois, voire plus d’un an. Selon un recensement mené par la Coordination Nationale Jeunes Exilé·es En Danger (CNJED) de mars 2024, environ 60 pourcents des jeunes sont reconnu·es mineur·es en deuxième instance.

Des jeunes exilé·es font la queue pour la distribution du petit déjeuner dans le jardin Pali-Kao à Paris, un mercredi matin. © Clarissa Hofmann

En 1989, la France a signé la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) mais elle n’applique pas la présomption de minorité, qui protège des jeunes pendant leur recours. Les jeunes vivent donc dans la rue en tant que mineur·es, se battant pour survivre.

Pour ce podcast, nous avons rencontré des jeunes concerné · es en Île-de-France, des membres des associations Utopia 56 et Médecins du monde, Emma Eliakim, avocate de l’antenne des mineur·es du Barreau de Paris, Noémie Paté, chercheuse et maîtresse de conférence à l’Institut catholique de Paris, Émile Rabreau, étudiant en géographie et Léa Filoche, adjointe de la mairie de Paris en charge des solidarités, de l’hébergement d’urgence et de la protection des réfugiés, de la lutte contre les inégalités et contre l’exclusion. Iels m’ont parlé de la situation actuelle, des conséquences de ce « vide juridique », de la problématique du doute, omniprésent dans l’évaluation de l’âge et du combat des jeunes qui reste à mener.

Un Podcast réalisé et monté par Clarissa Hofmann. Mixage par Manon Bellet.

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