A 6h27 ce matin, le compte Twitter du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb annonçait l’opération massive de gendarmerie qui allait réveiller les « hiboux » perchés au bois Lejuc. Les «Hiboux », les « Bure à cuire » : autant de surnoms pour les opposant.es à la « poubelle nucléaire » en projet à Bure. 500 gendarmes en tenue anti émeute ont délogé une quinzaine de personnes du bois, et placé 7 en garde à vue. Retour sur cette folle journée meusienne, à Bure et dans le bois Lejuc. À lire (seulement) sur Radio Parleur et Reporterre, car aucun autre média n’a pu à cette heure entrer dans le bois solidement gardé.
À Bure, une matinée au pas de charge
À 6H27 du matin, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb annonce sur son compte Twitter l’opération débutée un quart d’heure plus tôt au bois Lejuc, à Bure, dans la Meuse. D’après les premiers témoignages recueillis par Reporterre, cinq escadrons de gendarmerie encerclent le bois, et repèrent les cabanes à coup de lampes torches puissantes. Dans la journée, ils progressent par le sud et le nord du bois. Perchés à plus de vingt mètres de hauteur dans huit cabanes, une dizaine d’occupant.es, les fameux « hiboux » aux masques colorés. Il faudra plus de dix heures aux gendarmes pour déloger tout le monde et détruire les vigies, les cabanes, et toutes le constructions des opposant.es. (Le récit détaillé de notre reporter Martin Bodrero à retrouver ici) .
On a finalement réussi à approcher du #boislejuc . Des maisons patiemment construites dans les arbres il ne reste que des ruines. pic.twitter.com/l3OJneBsXJ
— Radio Parleur (@radioparleur) 22 février 2018
Les soutiens s’activent rapidement
Sur les réseaux, les nouvelles vont vite, et la lutte au bois Lejuc a depuis des mois rassemblé d’ancien.ne.s de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Mais les soutiens dépassent le bois, et ils arrivent rapidement sur place, comme la députée FI Caroline Fiat.
Parmi la dizaine de personne qui sont devant le barrage de police à #Bure, la député @CarolineFiat54 . “C est inadmissible. On empêche de rentrer pour constater ce qu’il se passe. On viole les droits de manifester, de mob… C est un acte brutal sur des militants pacifiques ” pic.twitter.com/4kLKf32pi3
— Radio Parleur (@radioparleur) 22 février 2018
Les communiqués pleuvent, la France Insoumise interpelle Nicolas Hulot
Alors qu’à Lognes, en Seine-et-Marne, Gérard Collomb s’affiche la mine sombre et guerrière avec des fonctionnaires de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et l’emploi d’étrangers sans titre, pour affirmer que « nous ne voulons plus en France qu’il y ait des lieux de non-droit », Nicolas Hulot tente de tempérer l’indignation qui monte un peu partout sur les réseaux sociaux et jusque dans l’hémicycle.
Perquisition à la Maison de la Résistance
Pendant ce temps, la Maison de la Résistance, demeure par ailleurs tout à fait légalement occupée par des opposant.es dans le village de Bure, est elle aussi encerclée, enfumée de lacrymogènes, et vite assiégée par les gendarmes, qui cassent portes et fenêtres pour pénétrer à l’intérieur. Ils y trouvent une quinzaine de personnes, bras-dessus bras-dessous, qui sortent au compte-goutte. Celles et ceux que les gendarmes n’ont jamais vu.e.s sont systématiquement contrôlé.e.s.
Selon Olivier Glady, procureur de la République de Bar-le-Duc, sept personnes ont été placées en garde à vue, une au moment de l’opération au bois Lejuc et six pour « outrages et/ou violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique », suite à la perquisition menée à la Maison de résistance dans l’après-midi.
Partout en France, les anti Cigéo battent le pavé
Ailleurs en France, à l’appel du réseau Sortir du Nucléaire, des rassemblements s’organisent. Sur les réseaux sociaux, on se demande comment le gouvernement a pu envoyer sur place Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la transition écologique, pour dialoguer avec toutes les parties, y compris les opposant.e.s, tout en lui préparant le terrain par un grand renfort d’opération militaire. « L’évacuation avait pour objectif d’”empêcher la constitution d’une ZAD (zone à défendre, NDLR), c’est-à-dire de constructions en dur », a précisé Sébastien Lecornu lors d’un point de presse à la préfecture de Bar-le-Duc.
Au moins 200 personnes place st Michel à Paris en soutien aux @ZIRAdies contre la poubelle nucléaire pic.twitter.com/WKn9lur71w
— Radio Parleur (@radioparleur) 22 février 2018
Et les déchets nucléaires dans tout ça ?
Car d’illégalité il fut beaucoup question aujourd’hui, mais bien peu du fond du discours profondément politique des opposant.e.s qui se sont installé.e.s à Bure et dans les communes avoisinantes. Ce qu’ils et elles martèlent depuis des années tient en une phrase : quand on fabrique des poubelles, on peut se permettre de faire plus de déchets, alors qu’il faut en priorité s’occuper d’arrêter d’en produire, et stocker en surface ceux qu’on a déjà pour mieux les surveiller.
RETROUVEZ NOTRE REPORTAGE SUR PLACE EN PARTENARIAT (ET EN EXLU !) AVEC REPORTERRE
Radio Parleur vous en parlait déjà l’année dernière :
– Pendant la grande manifestation de février 2017, on a causé déchets nucléaires et lutte politique.
– En novembre dernier, visite guidée des installations de l’Andra, l’Agence de gestion des déchets nucléaires avec des anti nucléaires du monde entier.