Une première victoire pour Gino

Ça y est. Sous les coups de quinze heures, la décision est tombée : sa demande d’assignation à résidence a été acceptée. Le délibéré concernant son extradition aura lieu le 9 avril prochain. Sous contrôle judicaire, il risque cependant toujours l’extradition en Hongrie.

Rexhino Abazaj, surnommé Gino est un militant antifasciste albanais. Accusé par la Hongrie de violences sur des militant·es néonazi·es, il avait été arrêté à Montreuil le 12 novembre 2024 par une équipe de la sous-direction antiterroriste. Âgé de 32 ans, il encourait jusqu’à vingt-quatre ans de prison pour des actes de violences contre des néonazi·es, qu’il conteste. Menacé d’extradition, un délibéré concernant sa possible remise en liberté conditionnelle a eu lieu ce mercredi 26 mars, à quatorze heures, à la Cour d’appel de Paris.

Le Comité pour la libération de Gino le rappelait dans un communiqué il y a quelques jours, les éléments transmis par la Hongrie pour justifier sa demande d’extradition ont été étudiés et débattus lors de la dernière audience, le 12 mars dernier devant la Cour d’Appel de Paris. Ces éléments ne respectaient en rien les garanties demandées par la justice française. Lors de cette audience, la Cour avait accepté l’ouverture d’une enquête sur la faisabilité de l’assignation à résidence, pour statuer sur une possible remise en liberté conditionnelle de Gino. Les accusations dont les militantes et militants antifascistes font l’objet et les peines encourues sont complètement disproportionnées.

En acceptant de remettre Gino à la Hongrie, il aurait été soumis à un procès injuste dont le verdict était déjà écrit simplement parce qu’il est antifasciste. Procès non équitable, torture blanche, voilà ce qui l’attendait.

 

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Un procès attendu par tout·es les miltant·es antifa

Devant le Président du tribunal, la conseillère et l’avocat général, les différentes parties débattaient. L’avocat général établissait ainsi ses réquisitions axées sur un unique élément : le logement. Ses réserves pointaient, selon lui, un souci de faisabilité quant au bracelet électronique, au vu de l’hébergement de Gino. Pour lui, en l’état, ce n’était pas satisfaisant en termes de garantie. « Pour moi, ça ne tient pas […] Il n’y a pas de bail au nom de l’hébergeur, cela ne remplit pas les conditions civiles d’un contrat de sous-location », a-t-il ainsi déclaré, donnant alors un avis défavorable.

Youri Krassoulia, l’un des deux avocats de Gino avec Laurent Pasquet-Marinacce, a quant à lui pris la parole défendant la fiabilité de la relation qu’entretenait Gino avec les personnes partageant son futur hébergement, et le fait que tous les éléments prouvant cette fiabilité avait été apportés dans le dossier. Il a également rappelé que Rexhino Abazaj bénéficiait d’une promesse d’embauche, un élément supplémentaire concernant la faisabilité de sa remise en liberté conditionnelle.

Gino s’est lui aussi exprimé, rappelant la solidité des relations qu’il entretenait avec les personnes mises en cause dans la fiabilité de l’hébergement. Après une brève suspension, le délibéré a été rendu. Rexhino Abazaj est libéré, sous contrôle judiciaire, sans bracelet électronique mais risque toujours l’extradition.

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Salomé Lepretre

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