Rassemblement du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville devant la Gaîté Lyrique le 13 décembre 2024. Photo par Philippe Grangeaud.

Occupation de la Gaîté Lyrique : la lutte des mineur·es isolé·es s’organise au sein du bâtiment !

Le collectif des Jeunes du Parc de Belleville occupe la Gaîté Lyrique à Paris avec 250 mineur·es isolé·es, depuis le mardi 10 décembre 2024. Objectif, interpeller la mairie de Paris sur les droits des mineur·es isolé·es, notamment sur leur droit au logement. Iels demandent une rencontre avec Anne Hidalgo, maire de Paris, et Léa Filoche, chargée du pôle des solidarités, afin d’exiger la mise à l’abri immédiate des occupant·es.

La mobilisation, organisée par le collectif des Jeunes du Parc de Belleville pour les droits des mineur·es isolé·es, a commencé le 9 décembre 2024 au théâtre de la Concorde. Ce jour-ci, se joue la pièce de théâtre le Procès de la Seine, une œuvre qui pose la question des droits du fleuve. Le collectif a saisi l’opportunité de l’événement pour interpeller les élu·es présent·es, sur les droits des jeunes qui dorment sur les berges de la Seine en pleine période hivernale.

Dans une vidéo de l’action, qui s’est déroulée au théâtre de la Concorde, le collectif s’adresse à la maire qui se trouve dans la salle : « Nous avons donné une dernière chance à Mme Hidalgo de nous recevoir ». Malgré l’interpellation, largement soutenue par les spectateur·ices du théâtre, Anne Hidalgo n’a pas donné suite. Le collectif des Jeunes du Parc de Belleville reste à ce jour sans réponse.

« Qu’est ce qu’on veut ? Logements ! »

Le mardi 10 décembre, un appel est lancé à la Gaîté Lyrique. Le collectif occupe le bâtiment culturel depuis 18h. Dans le hall d’entrée, la banderole est dépliée : « Qu’est ce qu’on veut ? Logements ! ». En parallèle, une conférence intitulée « Réinventer l’accueil des réfugiés en France », tenue par la fondation de la Croix Rouge, commence dans l’auditorium. Elle est interrompue par les délégué·es du collectif qui exigent un accueil concret des mineur·es isolé·es, pour tous·tes, par les actes. La Gaîté se retrouve alors occupée par 250 mineur·es non-hébergé·es, des délégué·es et des soutiens du collectif qui y organisent la lutte et la logistique de l’occupation. La Gaîté Lyrique, dans son premier communiqué, a appuyé son soutien à l’action des mineur·es isolé·es en lutte, soulignant « le caractère légitime de leur revendication. » La direction de l’établissement s’est jointe au collectif pour demander à l’État de saisir la préfecture de Paris pour la réquisition de logements vides et des conditions d’accueil dignes.

Malgré la mobilisation, le silence des institutions

Les jeunes entendent faire pression sur la mairie pour une mise à l’abri pérenne de tous·tes les mineur·es isolé·es en recours. Au-delà de la mise à l’abri, iels souhaitent également rester dans la capitale et ne pas être délocalisé·es dans d’autres villes.
À ce jour, s’il n’y a plus une seule tente de mineur·es non accompagné·es sous les ponts, c’est parce que tous·tes passent la nuit à la Gaîté Lyrique. À bientôt une semaine d’occupation, le collectif des Jeunes du Parc de Belleville est toujours laissé sans nouvelle de la mairie et encore moins de l’État. Dans une lettre au préfet publiée sur Instagram, Léa Filoche exige de l’État qu’il prenne ses responsabilités en assurant la prise en charge des jeunes qui occupent la Gaîté Lyrique.

 

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Le 14 décembre, les jeunes du collectif manifestaient, aux côtés d’autres collectifs de sans-papiers, à l’occasion de la Journée Internationale des Migrant·es, pour revendiquer la régularisation de tous les sans-papiers, l’égalité des droits, la liberté de circulation et d’installation. La mobilisation a été une réussite, elle a compté aux alentours de 10 000 manifestant·es.

Cette journée s’est conclue par une présence disproportionnée de CRS qui bloquaient momentanément la Gaîté Lyrique à l’arrivée des jeunes depuis la manifestation. Depuis le début de la semaine, la présence policière s’est accentuée, de pair avec celle des médias d’extrême droite. Malgré ces menaces, les militant·es restent mobilisé·es et leur organisation ne faiblit pas. Chaque jour, un rassemblement est organisé devant les portes de la Gaîté Lyrique, suivi d’une assemblée générale ouverte à tous·tes dans l’enceinte du bâtiment. Les jeunes invitent les militant·es, les autonomes, les collectifs, les syndicats et les membres d’organisations à prendre part à ce temps de discussion, pour échanger et se joindre à leur combat.

Face au manque d’aide et de soutien de la mairie, le collectif fait appel aux dons, pour maintenir l’organisation de la lutte au sein du lieu, en payant notamment les repas des 250 jeunes le soir. Les jeunes du parc de Belleville seront présent·es au meeting de la journée internationale des migrant·es le mercredi 18 décembre dès 18h30 à la Bourse du Travail pour parler de leur lutte.

 

“Le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville”, premier collectif de mineur·es isolé·es en recours 

Le collectif des Jeunes du Parc de Belleville, collectif de mineur·es isolé·es en recours à Paris, a fêté ses un an en octobre. Depuis, plus 850 places d’hébergement ont été arrachées à la mairie de Paris grâce à des actions d’occupation. Les jeunes du collectif ont lutté sans relâche pour faire valoir leurs droits les plus fondamentaux : l’accès au logement, à l’éducation, à la santé, à la mobilité, mais aussi le choix de rester à Paris pendant leurs démarches administratives ainsi que la présomption de minorité. Ils se battent également et plus largement contre le racisme et le fascisme. Au printemps dernier, le collectif avait occupé durant trois mois la Maison des Métallos, un espace culturel de la mairie de Paris, une lutte victorieuse qui a permis la mise à l’abri de 230 jeunes et 21 familles. Toutefois, des centaines de mineur·es en recours sont à ce jour, en dépit des récentes averses et des températures qui s’approchent du zéro, toujours contraint·es à l’errance et à la rue. Iels dénoncent l’indifférence de la mairie, alors même que certains campements sont installés quasi sous les fenêtres de l’Hôtel de Ville. 

 

Bertille Hyvon

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