Trois ans de combat à Chronopost, lutter au lendemain de l’expulsion

À Alfortville, le piquet de grève des travailleurs sans-papiers de Chronopost est expulsé sans préavis par la préfecture, le jeudi 31 octobre 2024, la veille de la trêve hivernale. À coup de pelleteuse, c’est 35 mois de lutte sur ce piquet balayées par la préfecture avec le plus grand mépris. Dans cet épisode, nous sommes le 6 novembre, soit une semaine plus tard, lors de la manifestation organisée pour dénoncer l’expulsion du piquet. Une occasion de revenir sur cette lutte emblématique pour la régularisation et l’égalité des droits.

La foule s’est rassemblée au coeur de la zone industrielle, devant les grilles fermées de l’entreprise de sous traitance Chronopost Alfortville. Des stickers et des pins « régularisation ! », accompagnés par les drapeaux du Collectif des Travailleurs Sans papiers de Vitry (CTSPV) et Sud Solidaire, dénotent dans le paysage urbain et le ciel trop gris. Progressivement, le rythme des tambours échauffe la foule, le temps n’est pas au découragement.

Le jeudi 31 octobre, la préfecture du gouvernement Barnier/Retailleau expulse le piquet emblématique des travailleurs de Chronopost, sans préavis, en toute illégalité. Les affaires, qui comprennent des vêtements, des documents administratifs, de l’argent et même une moto, sont mises à la benne. À cette violence inouïe, s’ajoute la violence administrative des institutions sourdes.

Une lutte emblématique

Le piquet des travailleurs de Chronopost démarre le 7 décembre 2021. Elle prend le relais d’une première grève en 2019. Durant celle-ci, 27 grévistes de Chronopost et 46 travailleurs, employés d’autres entreprises, présents sur le piquet, obtiennent leurs régularisation. La grève de 2019 est victorieuse, mais 18 dossiers parmi les grévistes présents sont accompagnés de refusés, les laissant depuis sans nouvelles malgré de nombreuses démarches et interpellations. La lutte est relancée en 2021 pour exiger un retour sur les dossiers déposées et les 18 travailleurs refusées et un dépot collectif  Le piquet rassemble à ses débuts plus de 200 personnes, entre grévistes et soutiens. Il devient un lieu incontournable de la lutte pour l’égalité des droits et la régularisation.

À écouter aussi : Pour Chronopost, les sans-papiers jetables.

En décembre 2023, la Poste est condamnée en pour avoir “manqué à son devoir de vigilance” quant aux risques humains de ses activités et celles de ses filiales de sous-traitants, avec la circonstance aggravante qu’il s’agit d’un employeur public. La Poste, entreprise privée à capitaux publiques et actionnaire stratégique de l’état, sous-traite à Chronopost, à DPD, qui elles-mêmes sous-traitent à d’autres entreprises comme Derichebourg Interim. Cette chaîne interminable de sous-traitants rend difficile l’identification des responsables de manquements en termes de risques humains et de condition de travail.

“Nous ne baisserons ni la tête, ni les bras”

La manifestation de ce mercredi 6 novembre réactualise la lutte des travailleurs sans papiers de Chronopost. Durant trois ans, les collectifs accumulent les manifestations hebdomadaires à DPD et RSI dans le Val-de Marnes mais aussi dans le 92 et le 91 pour soutenir leurs camarades victimes des mêmes conditions de travail. Les grévistes se sont battus sur tous les fronts pendant les mouvements des retraites et contre la loi Darmanin.

 Ce mercredi, les collectifs ont réaffirmé leurs combativité, assurant de poursuivre la lutte à Chronopost et partout où le respect des droits ne sera pas appliquer. Le rendez-vous est donné du 14 au 18 décembre, pour une grande marche à l’occasion de la journée internationale des migrant-e-s, appelée par la marche des Solidarités et des collectifs de Sans-Papiers.

Entretiens et montage : Bertille Hyvon

Photos : Clémence Le Maître

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