Studio de Radio Campus France aux Assises du journalisme à Tours, 2021.

Budget 2025 : les subventions allouées aux radios associatives sont finalement maintenues

Victoire pour les radios associatives qui font plier le gouvernement. Le projet de loi finances 2025, débattu depuis le 21 octobre à l’Assemblée nationale, avait engendré des incompréhensions autour des coupes budgétaires liées au FSER. Cette baisse est finalement abandonnée par le gouvernement.

 

Pour les radios associatives, l’heure est au soulagement. Le gouvernement a finalement décidé d’annuler la baisse de 29% des subventions annoncée début octobre. Une victoire qui permet la survie des ces radios de proximité. Après débat, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a indiqué, le mardi 29 octobre, que le gouvernement s’engageait à suivre « la proposition faite de façon très transpartisane […] à savoir remonter les crédits à la hauteur de l’année 2024 ». Une enveloppe d’un peu plus de 10 millions d’euros sera reversée aux radios associatives par le biais du Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER). Le ministre a affirmé que ce rétropédalage doit permettre à ces radios associatives « de continuer d’émettre, de continuer à assurer ce lien de proximité, mais aussi de développement de lien social et surtout assurer ce qui est très important dans notre pays, le pluralisme dans l’information ».

Le 23 octobre dernier, l’annonce d’une baisse budgétaire en faveur des radios associatives avait provoqué un tollé auprès des député·es, et notamment auprès du groupe communiste Gauche démocrate et républicaine (GDR) qui s’est empressé de déposer un amendement portant à 12 millions d’euros supplémentaires le budget du FSER prévu pour 2025. Dans ce texte, adopté par la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation, le groupe GDR signalait que cette « réduction budgétaire aurait des conséquences dévastatrices pour le secteur, avec la suppression de plus de 800 emplois, le recul du pluralisme et l’appauvrissement de la diversité médiatique locale ». L’amendement a également été salué par l’association Les Locales, qui rassemble deux syndicats d’employeurs, le Syndicat national des radios libres (SNRL) et la Confédération nationale des radios associatives (CNRA).

Un soutien vital pour les radios associatives

En France, 750 radios associatives comptent sur le FSER pour subsister. Ce fonds est attribué aux fréquences qui accomplissent une mission de communication sociale de proximité. Les radios se répartissent ainsi 35 millions d’euros (budget de 2024) et le montant envisagé pour l’année 2025 était de 25 millions d’euros, soit une baisse de 10 millions d’euros. Émile Palmantier, coordinateur éditorial du réseau Radio Campus France, qui regroupe 29 radios associatives partout en France, explique que l’annonce d’une coupe budgétaire n’a été l’objet d’aucune concertation ou de pré-annonce, tou·tes les acteur·ices des radios associatives l’ont appris par la presse. « Cela a constitué une énorme surprise pour tout le monde, la plupart des député·es, tout bord confondu, s’émeuvent de cette baisse, et iels semblent reconnaître l’utilité des radios associatives et des Radio Campus sur leur territoire ». Pour Émile Palmantier, le budget alloué aux radios associatives est déjà bien inférieur à ce qu’il devrait être « au regard du nombre de bénéficiaires et étant donné qu’elles assurent une mission de communication sociale de proximité, selon la loi de 1986, autrement dit c’est une délégation de service publique ».

Durcir le contrôle des radios associatives

Le Rassemblement national (RN) avait déposé, le 19 octobre, un amendement au projet loi finance 2025, proposé par le député de l’Oise, Philippe Ballard, au sujet du FSER, dans lequel il demandait une « évaluation des radios ayant été sanctionnées par l’ARCOM », pour « mieux évaluer les enjeux du FSER ». L’amendement, finalement rejeté le 23 octobre, demandait à s’assurer que les radios associatives « ne véhiculent pas de propos contraire à la laïcité, la démocratie et ne propagent pas des discours allant à l’encontre de l’unité nationale. » Lors des échanges en commission le 22 octobre, le texte a plus ou moins été approuvé à l’oral par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Une situation qui inquiète et qui rend compte de la situation de contrôle abusive des radios associatives.

Pour rappel, les radios associatives sont régulées par trois grands volets: l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) vérifie la bonne application de la loi, notamment celle de 1986 relative à la liberté de communication. Le ministère de la Culture régule les radios associatives, qui sont autorisées à émettre grâce à l’Arcom, par le biais du FSER, qui leur permet d’avoir des subventions. Au sein de ces aides, il y a une part fixe pour l’installation, l’équipement et pour payer les salarié·es. L’autre part, appelée “sélective”, est variable. Comme Émile l’explique « chaque année, dans leur bilan d’action, les radios associatives formulent une demande de subvention auprès du ministère de la Culture. La part variable correspond à des bonus de financement, si les radios mettent en place un certain nombre d’actions, comme par exemple de la prévention contre la drogue ou l’alcool au volant, ou alors si elles traitent de sujets comme les violences sexistes et sexuelles ou les handicaps. » Le dernier volet de régulation est plus récent. Depuis 2021, en France, chaque association et radio associative doit signer un “contrat d’engagement républicain” et par ce fait, respecter les valeurs de la République. Ce nouveau volet rend l’amendement déposé par les député·es du Rassemblement national caduque, puisque le contrôle qu’iels veulent mettre en place existe déjà. « Les député·es RN ont l’air de croire qu’aucune régulation n’est opérée par des autorités en France sur nos radios, hors c’est déjà le cas, et cette régulation est déjà suffisamment restrictive. » De plus, la ministre de la Culture semble abonder dans le sens du député Ballard. « Je me pose vraiment la question sur la connaissance technique de la radio associative de la part du nouveau cabinet ministériel. Et je pense qu’au travers de ce malaise elle est en train de l’apprendre, de découvrir comment fonctionnent les radios associatives et leur régulation. »

 

Clémence Le Maître

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