Devant la Préfecture de Seine-Saint-Denis, deux collectifs et leurs soutiens se sont rassemblés pour interpeller la Préfecture et demander le relogement des habitant⋅es du Bathyscaphe et du collectif Combat pour l’Hébergement à Saint-Denis, le 16 octobre.
Le 28 octobre, c’était la date limite à laquelle les occupant⋅es du Bathyscaphe devaient partir du squat où iels vivaient jusque-là et beaucoup n’ont pas de solution de logement pérenne. Un huissier s’est rendu dans le squat afin de constater que les lieux soient bien vides. Certaines personnes sont parties, mais d’autres sont restées. Une expulsion avec un recours à la force publique arrivera à un moment donné, sans savoir concrètement quand, « on est complètement dans le flou » explique Parallèle*, un habitant du squat. Depuis des mois, la stratégie du collectif est de solliciter la mairie d’Aubervilliers et la préfecture, car elles ont l’obligation de trouver un logement pour les familles en situation de grande précarité. Mais en l’absence de réponse, aucune solution concrète s’offrent à eux.
Une loi “anti-squat”
Depuis la promulgation, en juillet 2023, de la loi Kasbarian-Bergé, aussi appelée “loi anti-squat”, les propriétaires engagent des procédures contre les squatteurs pour les expulser. Les habitant⋅es devaient initialement quitter les lieux le 1er avril 2024, après la trêve hivernale. Après avoir trouvé un compromis avec le propriétaire du lieu pour un départ volontaire, les occupants ont signé des conventions pour avoir des délais afin de rester dans le lieu. Dans un communiqué, les membres du collectif expliquent la situation : « puisque la mairie semble ne pas vouloir porter ses responsabilités en matière de solutions d’hébergement, notamment nous le rappelons pour des familles dont les enfants sont scolarisés à Aubervilliers, et puisque l’ensemble de notre collectif se retrouve sans toit ce lundi, nous irons nous rassembler devant la mairie afin de forcer à rendre visible notre situation de mise à la rue aux élus et aux habitants d’Aubervilliers. »
Ce n’est pas la première fois que les collectifs montent au créneau. Le 16 octobre déjà, le collectif Combat pour l’Hébergement, qui regroupe des femmes exilées, mères de famille sans abris ou hébergées dans des conditions insalubres, réclamait un droit à un logement digne, devant la Préfecture de la Seine-Saint-Denis. Des femmes avec leurs enfants, des mineur⋅es isolé⋅es et des habitant⋅s de plusieurs squats étaient présents, ainsi que des soutiens à la lutte, comme l’Union syndicale Solidaires ou le collectif Le Poing Levé et l’ONG Médecins du Monde. Entre prises de parole et slogans, l’ambiance était combative. « Le collectif du Combat pour l’hébergement nous a contacté, pour qu’on soit plus nombreux et qu’on ait plus de poids dans la lutte », indique Parallèle.
Un logement salubre et stable
Les membres du collectif Combat pour l’Hébergement et Bathyscaphe demandent, en outre, une mise en sécurité, un hébergement stable, salubre et adéquat aux compositions familiales. Iels affirment également le besoin d’être accompagné⋅e⋅s par des travailleur⋅ses sociales⋅aux. Le collectif Combat pour l’Hébergement a été reçu par Katy Bontinck, première adjointe à la Mairie de Saint-Denis, et des élus municipaux pour évoquer leurs situations. Ils ont précisé au collectif qu’ils n’envisagent pas de réquisitionner des locaux vides sur la commune arguant que la collectivité faisait déjà largement sa part avec 4 000 nuitées par jour sur la commune. La Ville a également invité le collectif à se rapprocher des services de l’État.
Un squat à Aubervilliers
|
*Le prénom a été modifié
Réalisation, montage : Clémence Le Maître Mixage : Arthur Faraldi
Crédit photo : Clémence Le Maître