Jacques Trentesaux est journaliste, et co-fondateur du média d’investigation local Médiacités. Créé en 2016, à Lyon, Lille, Nantes et Toulouse, Médiacités promeut un journalisme indépendant, et financé par ses abonné·es. Il revient sur l’importance d’élaborer des enquêtes à l’échelle locale, sans financement de grands actionnaires.
« Médiacités, c’est une aventure collective. Le noyau dur des créateurs, c’est des anciens collègues de l’Express. Le déclic, c’est l’arrivé de Patrick Drahi patron de SFR, qui s’est mis en tête de racheter des médias pour mettre du contenu dans les tuyaux. Cela nous a donné très envie de fuir. » En fondant Médiacités, Jacques Trentesaux et ses anciens collègues de l’Express souhaitaient renouer avec le journalisme d’investigation à l’échelle locale.
L’indépendance est une nécessité pour enquêter dans les villes
« En étant indépendant, on peut se permettre d’être insolent, de gratter un peu plus. » En réalisant ces enquêtes, Médiacités révèle les dysfonctionnements dans les mandats des élu.es, les abus des entreprises, mais aussi les alternatives citoyennes à l’échelle du territoire. Pour Jacques Trentesaux, cet approfondissement et la liberté dans le choix des enquêtes, est permise par l’indépendance économique du média. D’autre part, Médiacités tient à sa transparence, sans publicité et ni soutenu par des grands actionnaires.
« Il faut être des puristes de l’info, de l’indépendance, de la déontologie et de l’éthique. » Un moyen, selon le journaliste, de renouer le lien de confiance des citoyen·nes en créant une information libre et pluraliste, face à des groupes de presses concentrés entre les mains de grandes fortunes. Dernier en date, le rachat d’Europe 1 par l’industriel Vincent Bolloré, déjà détenteur du groupe Canal+, C8, et CNews.
Pour Jacques Trentesaux, Médiacités ne fait pas exception
« On part tous avec peu d’argent et on fait des sacrifices. » Un modèle économique qui n’est malheureusement pas toujours stable. Médiacités a lancé un appel à soutien en septembre 2021. Le média doit trouver 2000 nouveaux abonné.es supplémentaires avant la fin de l’année, sous peine de ne plus pouvoir publier. Ce modèle économique, soit financé par des lecteurs où des appels aux dons, est souvent la source de financement privilégié par ce type de média. Pourtant, d’autres solutions existent, comme la fondation.
Une idée soutenue par l’économiste Julia Cagé, qui impliquent les journalistes et les lecteurs dans la gouvernance du média. Une autre alternative a été lancée par Médiapart, le Fond de soutien pour une presse libre, permettant d’aider financièrement quatre médias indépendants.
Lire l’appel du Fond pour la presse libre, dont Radio Parleur est signataire
Une interview réalisée par Yelena Parentaud en partenariat avec Radio Campus. Photo à la une : Radio Campus.