Samedi 13 octobre, 11h00. Une cinquantaine de corps jonchent la devanture de l’hôpital de la Salpêtrière. Image d’une mort symbolique quelques heures avant le coup d’envoi de l’Existrans, la marche des personnes trans et intersexes. Les militant·es visaient un congrès organisé par la SoFECT, la Société Française d’études et de prise en charge de la transidentité.

Die-in organisé par l’association Sooooo Infect devant l’hôpital de la Salpêtrière. Photographie : Nicolas Benoit pour Radio Parleur.

« Dès que tu cherches à avoir des infos sur le fonctionnement des hormones ou si tu commences à vouloir modifier ton corps chirurgicalement, assez rapidement tu vas avoir affaire à la SoFECT », explique Jams, un homme trans venu de Toulouse pour l’Existrans et présent au die-in devant la Pitié Salpêtrière. Cette association de médecins autoproclamée experte des questions trans s’est totalement appropriée le contrôle sur les parcours de santé trans. Or, elle tient des positions très critiquées par les premier·es concerné·es.

“En fait la SoFECT c’est la manif pour tous”

Elle impose des délais très longs (parfois plus de 2 ans) avant de commencer toute forme de transition avec un suivi psychiatrique obligatoire. “Ça n’est pas un suivi psycho thérapeutique, ça n’est pas pour que les gens aillent bien, c’est du flicage” explique Julian, artiste trans rencontré à la marche. Ce suivi est censé déterminer si les personnes souhaitant transitionner “sont bien des vrai·es trans”. Les associations de personnes trans et intersexes ne sont pas opposées à un suivi psychologique s’il est fait à la demande des personnes concernées, mais déplorent les méthodes de la SoFECT. “Ils ont un point de vue très stéréotypé et très binaire du genre : tu dois être hétérosexuel dans ton genre d’arrivée, pour une fille tu dois aimer le rose, jouer à la poupée, pour un garçon tu dois aimer le bleu et les voitures … En fait la SoFECT c’est la manif pour tous”, résume Jams.

En plus de refuser tout dialogue avec les associations de personnes transgenres et intersexes, la SoFECT entrave le libre choix des médecins par les patient·es en les restreignant à un petit groupe de praticien·nes, ce qui va à l’encontre de l’Ordre des médecins. Même si un parcours médical privé est envisageable, la SoFECT reste la seule association à pouvoir promettre un remboursement à 100% du parcours de transition médical dont le coût peut être très élevé. De plus, elle exerce une pression sur les praticien·nes indépendant·es afin qu’ils et elles s’alignent sur ses pratiques, d’après les témoignages de plusieurs personnes trans passées entre leurs mains.

Face à cela, des associations, réunies notamment dans la Fédération Trans & Intersexes, s’organisent en étroite collaboration avec le corps médical pour permettre aux personnes concernées de suivre un parcours qui s’adapte à eux et elles, plutôt que le contraire.

Lex(cis)que

Personne cisgenre (ou cis) : Personne qui vit dans le genre qui lui a été assigné à la naissance. Si vous ne connaissiez pas ce mot, c’est probablement que vous en êtes une.

Personne transgenre (ou trans) : Personne non cis, qui vit ou qui souhaite vivre dans un genre différent de celui qui lui a été assigné à la naissance.

Personne intersexe : Personne née avec des caractères sexuels (génitaux, hormonaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins.

Transition : Il en existe différents types. La transition sociale est le fait de se définir socialement par son vrai genre (qui est différent de celui assigné à la naissance pour une personne trans). La transition médicale regroupe la prise d’hormones et/ou la modification de son corps par le biais d’opérations chirurgicales. Il n’y a pas qu’une seule façon de transitionner médicalement. “Il y a autant de transitions que de personnes trans”, explique Jams.

La rédaction a contacté la SoFECT pour leur proposer un droit de réponse.