Samedi dernier, une centaine de militants de génération identitaire, un groupuscule d’extrême droite, a mené une action anti-migrants sur le col de l’Echelle dans les Hautes Alpes. Le but avoué de ces militants : éviter que migrants et réfugiés ne franchissent la frontière franco-italienne. Un évènement qui a fait beaucoup parler dans les médias et réagir les associations d’accueil et d’entre-aide, à l’instar de l’association Tous Migrants, basée dans le Briançonnais. Radio Parleur a interviewé Michel Rousseau, trésorier et porte-parole de cette association.
« Ces gens-là professent la haine de l’étranger »
Depuis un an, les Hautes-Alpes connaissent une augmentation exponentielle du nombre de migrants qui traversent la frontière. Pour Michel Rousseau, à peu près 3000 personnes, hommes, femmes ou enfants ont passé la frontière franco-italienne en 2017. Un afflux brandit comme une menace par le groupuscule d’extrême droite, Génération Identitaire qui a mené samedi une opération sur le col de l‘Echelle, situé à 6 kilomètres de la frontière. A l’aide de grillage en plastique de chantier, ils étaient une petite centaine à vouloir bloquer les migrants en mettant en place une frontière symbolique. « Ces gens-là, professent la haine de l’étranger » affirme Michel Rousseau. L’opération anti-migrant de Génération Identitaire a suscité la colère de deux sociétés de location d’hélicoptères sollicités par le mouvement d’extrême droite ce jour-là. Les gérants de ces deux sociétés, Héli Max et SAF hélicoptères niant avoir eu connaissance des intentions de leur client.
« L’amalgame entre l’extrême-droite et les personnes solidaires des migrants »
En réaction à l’opération menée par Génération Identitaire, une marche est partie le lendemain depuis la commune de Clavière, côté italien. Elle a réunie une centaine de militant.e.s solidaires français et italiens, qui ont franchi la frontière au col de Montgenèvre, un autre lieu de passage, avec une trentaine de migrants. Ensembles, militant.es solidaires et migrants ont rejoint Briançon encadré par la gendarmerie. A l’issu de cette manifestation six personnes ont été placés en garde à vue pour « aide à l’entrée d’étranger en situation irrégulière sur le territoire national et en bande organisée ». Le parquet de Gap à par la suite précisé qu’il s’agissait de « deux ressortissants suisse et quatre ressortissants italiens ». Mardi 24 avril, le tribunal a prononcé la détention provisoire des deux militants suisses, Bastien et Théo et d’une italienne, Elénora.
Le col de l’Echelle, situé en haut à gauche, où le groupe Génération Identitaire a mené son opération samedi. Photo : Tristan Goldbronn pour Radio Parleur.
Au lendemain de l’opération mise en place par Génération Identitaire, le ministre de l’intérieur a renvoyé tour à tour les militant.es du groupuscule d’extrême droite aux militant.es antifascistes, en les accusant d’avoir fait du symbolique col de l’Echelle, lieu de traversée pour les migrant.es, le théâtre “de provocations” et de “gesticulations” à travers des “actions inacceptables”.
Envoi de renforts de police et de gendarmerie.
Au moment où la loi Asile et Immigration passait en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, ces évènements sont loin d’être anodins. Pour Michel Rousseau cette « loi nouvelle ne fait que réduire un peu plus les droits des migrants et en plus, renforce l’arsenal répressif ». Gérard Collomb, dont le projet de loi controversé sur l’asile et l’immigration a été adopté ce dimanche 22 avril à l’Assemblée nationale, a annoncé l’envoi de renforts de police et de gendarmerie pour « s’assurer du respect absolu du contrôle des frontières » dans les Hautes-Alpes. Selon le ministère de l’Intérieur, il s’agit d’un escadron de gendarmerie mobile et d’une demi-compagnie de CRS.