Les images sont la composante nécessaire de n’importe quelle mobilisation collective. Les manifestations contre la Loi Travail n’ont pas dérogé à cette règle avec leur florilège de slogans et de pancartes qui ont émaillé l’espace public. Les devises, portées comme des cris de ralliement, se voulaient alors la traduction d’une idéologie, d’un espoir symbolique censée être objet de pensée qui nous émeut et nous pousse à réagir.
La photographie qui croque cette instantanéité n’est finalement rien de plus qu’un témoignage de cet objet de pensée. Une image n’est alors que la reproduction qu’une surface donne d’un objet qui s’y reflète : une fiction qui veut toucher le réel. Mais, dans un contexte de lutte, il s’agit aussi de la représentation d’une idée, qu’elle soit politique ou sensible. Ainsi, pour Jean Baudrillard dans Simulacres et Simulation (1981), l’image est une médiation qui permet à l’être humain d’exprimer son ressenti et de communiquer ses récits.
Voici un fragment de cette histoire, discernée par le regard sensitif de notre photo-reporter Marc Estiot sur les places parisiennes entre le 9 mars et le 15 septembre 2016. Une tentative de rendre soluble dans le visible une esquisse du réel.
Texte : Octave Broutard
Photographie : Marc Estiot