Faut-il y voir une fébrilité du gouvernement ou une volonté de temporiser sur le calendrier de la PMA pour toutes ? L’avis du Comité national d’éthique a été reporté à la rentrée. La question est de savoir si le projet de loi sur la bioéthique proposera d’ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires. Pour introduire le débat et la réflexion sur ces questions, la société Louise Michele accueille Jocelyne Fildard et Marie-Josèphe Devillers.

Photographie : Marc ESTIOT pour Radio Parleur

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Pour Joël Deumier, président de SOS Homophobie intetviewé par notre rédaction en avril dernier, l’ouverture de la PMA aux femmes homosexuelles n’est pourtant pas une question d’éthique. Il estime qu’il faudrait simplement aligner leurs droits sur ceux des couples hétérosexuels. Et éviter à tout prix que le débat sur la PMA se transforme en un pugilat sur la légitimité des couples homosexuels à fonder une famille.

De quelle PMA parle-t-on ?

Joël Deumier remet les pendules à l’heure pour ce qui concerne les femmes homosexuelles. Il rappelle qu’elles ont le droit de se marier, de fonder un foyer, et qu’il ne leur est pas non plus interdit de fonder une famille ni d’adopter. « Aujourd’hui, les femmes qui veulent concevoir un enfant se heurtent au droit français et sont obligées de partir à l’étranger. De mentir à leurs collègues sur les raisons de leur absence au boulot. De naviguer de médecin en médecin ». Ou de passer du temps au tribunal, comme Marie et Ewenn, deux jeunes femmes en procédure depuis quatre ans contre un hôpital toulousain qui leur refusait une PMA. Leur recours vient d’être finalement rejeté par le tribunal administratif.

Conditions matérielles

« Il faut qu’on parle des conditions matérielles de la procréation médicalement assistée, de son remboursement par la sécu, par exemple », insiste Joël Deumier. Aujourd’hui, la PMA pour les couples hétérosexuels à l’infertilité avérée ou qui risquent de transmettre une maladie grave à leurs enfants est remboursée à 100%. « Il s’agit d’une inégalité de fait, puisque pour aller faire une PMA à l’étranger, il faut avoir les moyens… ou s’endetter. Fonder une famille ne devrait pas être soumis à ce genre de contraintes ».

Même s’il se veut serein pour la suite du processus législatif, Joël Deumier redoute les relents homophobes de la « Manif pour tous ». A lire les contributions sur le site des États généraux, cela réveille en effet quelques souvenirs. « Au sein de SOS Homophobie, nous serons vigilants. Nous ne voulons pas revivre les attaques contre les familles homoparentales qu’on a vécu pendant le mariage pour tous. Il faut décoller l’idée que la PMA va changer quoique ce soit à notre capacité à fonder une famille ». Et en finir aussi avec l’idée que la médecine se contente de corriger des incapacités physiologiques, tout en se réglant in fine sur un prétendu « ordre naturel ». Sur le site des États généraux de bioéthique, quelques propositions dépassent d’ailleurs la question médicale ou le don de gamètes, notamment l’idée d’une simplification de la procédure d’accueil de l’embryon, pour simplifier la vie des parents qui bénéficieront de la PMA.

Sujet brûlant et passionnel

Pour introduire le débat et la réflexion sur ces questions qui touchent à l’égalité, mais aussi à l’éthique, aux représentations de genre, à la division internationale du travail, etc. la société Louise Michele accueille Jocelyne Fildard et Marie-Josèphe Devillers, militantes lesbiennes féministes au sein de CQFD Lesbiennes Féministes.

Les invité-es :

– Jocelyne Fildard, militante lesbienne féministe au sein de CQFD Lesbiennes Féministes et co-présidente de la Coordination Lesbienne de France (CLF).

– Marie-Josèphe Devillers, militante lesbienne féministe au sein de CQFD Lesbiennes Féministes.

Le Lieu-Dit :

Le Lieu-Dit est un café littéraire et un lieu de conférences. Trois ou quatre soirs par semaine s’y déroulent des débats et des projections.