Une nouvelle dynamique de soutien s’est ouverte à Notre-Dame-Des-Landes. Hier, le comité de pilotage officiel (CoPil) sous la houlette de Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, rencontrait plusieurs organisations d’agriculteurs pour faire le point sur les projets déposés en préfecture par les habitant·e·s de la ZAD. Devant le bâtiment où se tenait cette réunion à laquelle les intéressé·e·s n’étaient pas convié·e·s, de nouveaux soutiens se sont manifestés. Chercheuse·eur·s, agronomes, citoyen·ne·s militant·e·s… Ils et elles défendent la légitimité agricole des 39 projets proposés aux autorités.

« Les projets sont indissociables »

Lundi 14 mai, le vent soulève des nuages de poussières et de pollen qui piquent les yeux. Devant la préfecture de Nantes, un comité aux signatures prestigieuses s’est rassemblé. Des tracteurs bloquent la circulation à 12h30 pile, et des tables sont installées pour le pique-nique. Copains 44 et ses agriculteurs·trices sont venu·e·s signifier au ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, qu’il faut accepter l’ensemble des trente-neuf projets agricoles déposés par les habitant·e·s de la ZAD, ou bien n’en accepter aucun. « Les projets sont indissociables les uns des autres. On ne veut pas voir d’exploitation industrielle entre deux projets de ferme agro-écologiques, ça n’aurait aucun sens, » explique Philippe, agriculteur, perché sur son tracteur.

Défendre des projets collectifs

Le comité citoyen d’accompagnement porte ce même message. Parmi ses signataires, Marie-Monique Robin, réalisatrice, Marc Dufumier, Vandana Shiva, activiste écologiste, Aurélie Trouvé, porte-parole d’ATTAC, des ingénieur·e·s agronomes, des chercheurs et des chercheuses réputé·e·s, bref « des gens qui ont la légitimité sur le plan international pour dire que ce qu’on fait, c’est un exemple » sourit un « Camille », prénom utilisé par les habitant.e·s de la ZAD. L’un des docteurs en agronomie qui prend la parole cite les micro-fermes comme un modèle qui se fait ailleurs et qui pourrait parfaitement s’inscrire dans le projet du gouvernement de relocaliser l’alimentation. Une autre chercheuse affirme qu’il y a un discours dominant, celui de la culture intensive, qui s’oppose à un mouvement de fond invisible, celui des projets agricoles et ruraux collectifs. Et c’est justement ce qui se joue à Notre-Dame-des-Landes.

A 17h00, le ministre de l’Agriculture se tient aux côtés de la préfète, Nicole Klein, au premier étage de la préfecture de Nantes. Toute la presse est là. Stéphane Travert se réjouit pendant plus de 40 minutes que « 15 projets feront l’objet de signatures de conventions d’occupations précaires, c’est une grande avancée. » Quinze projets de maraîchage, d’élevage ovin, de culture de plante médicinales… les autres seront examinés ultérieurement, lors de la prochaine CoPil, en octobre. Le ministre refuse de dire si ces conventions seront suspensives, et éviterons l’expulsion à leurs occupant·e·s. « C’est du ressort du ministre de l’Intérieur. » Quant à prendre l’ensemble des « fiches » déposées par les habitant.es de la ZAD, pas question de les considérer comme un projet global. Ici, on parle agriculture « tout ce qui est artisanal ou socio-culturel sera examiné par les municipalités et les communautés d’agglomération. »